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2 juin 2019

INTERVIEW - Erick Gonzalez Rodriguez (sélectionneur Guatemala) : "C'est un rêve d'être ici"

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Le Guatemala participe pour la première fois de son histoire au Tournoi Maurice Revello. Le sélectionneur guatémaltèque sait ô combien il est chanceux de vivre ce Festival avec son staff et ses joueurs après des années de galère. Entretien.

Erick Gonzalez Rodriguez : "Avant de commencer, je souhaite vous remercier, amis français, pour votre sollicitation. Que Dieu vous bénisse."

Le 31 mai 2018, la Fifa a décidé de lever la suspension internationale pesant sur votre pays. Comment a été vécue la nouvelle au Guatemala ? (en décembre 2015, le Guatemala a écopé d'une suspension de compétition internationale jusqu'au 31 mai 2018 suite à une enquête de la justice américaine).

Cette suspension est survenue d’un coup. Cela nous a coupé les jambes. Grâce à Dieu, après ces deux années, on revient à la compétition internationale. C’est très important pour les garçons et pour le football au Guatemala. Ce fut une joie immense.

Comment se sont passées ces deux années et demie loin des compétitions internationales ?

Ce fut très difficile car évidemment cela a freiné notre croissance. Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de sélections, de convocations et de matchs qu'il peut y avoir chaque année en compétitions internationales. Les joueurs sont passés à côté de ces expériences. En participant à ces matchs, on aurait pu améliorer notre football. On l’a vu dans les matchs précédents. Les joueurs apprennent beaucoup de ces confrontations. C’est un manque à gagner important. Surtout que cela n'a pas concerné seulement la sélection espoirs mais aussi l’équipe A. Aujourd’hui, on revient en compétition. On le paye. On ne va pas prendre de raccourci. On a un long chemin à faire mais le Guatemala mérite de revenir à un meilleur niveau.

Sur quoi a été axé votre travail au sein de la fédération pendant cette suspension ?

Cela fait 10 ans que je suis entraineur professionnel avec des équipes premières et des réserves. J’ai reçu l’invitation de Walter Claverí, l’entraineur de l’équipe première, pour entrainer l’équipe des moins de 23 ans mais avec cette suspension, tout s’est arrêté d’un coup.

Vous avez dégringolé à la 143e place au classement Fifa alors que vous aviez atteint la 79e place en 2016. Vous avez du chemin à rattraper.

Il y a un grand chemin à parcourir pour que le football guatémaltèque se réactive. Ça nous fait mal d’entendre ces statistiques, d’avoir tant chuté au classement, mais ce n'est qu’une question de temps. On s’entraîne et on s’améliore. On espère que nous, les formateurs, allons pouvoir accélérer le processus de croissance du football guatémaltèque. 

"J’aimerais faire le voyage retour seul. Que mes joueurs restent ici pour vivre la réalité du football de haut niveau"

Désormais, vous avez la possibilité de jouer dans une compétition officielle. Qu’est-ce que vous pensez du Tournoi Maurice Revello ?

Pour nous, c’est un rêve d’être ici. La réalité est telle : le Tournoi a révélé de grands talents qui, aujourd’hui, jouent dans différents clubs en Europe. Il y a beaucoup de cracks. Ici commence l’histoire. On est très reconnaissant envers Dieu et envers les organisateurs de ce Tournoi. On est en train de profiter un maximum de cette immense expérience pour nous et pour les joueurs, surtout qu’ils ont toujours ce feu intérieur de concurrence et l’envie de réaliser des choses importantes. Comme j’ai pu le dire dans le vestiaire, j’aimerais faire le voyage retour seul. Que mes joueurs restent ici pour vivre la réalité du football de haut niveau comme on le pratique dans les clubs européens.

Qu’est-ce que vous attendez de cette compétition ?

Grandir, grandir et grandir. La compétition est fondamentale. 

Quelle est la philosophie de jeu du Guatemala ?

Il y a différentes philosophies de jeu au Guatemala. Il y a un jeu direct, vers l’avant, et un jeu mixte avec beaucoup de combinaisons. Nous, nous sommes des entraineurs qui croient que l’on joue bien seulement en ayant la possession de balle. On l’a expérimenté dans les équipes que l’on a pu diriger, et on essaye de le mettre en place de la même manière. On espère arriver à réaliser nos objectifs après le travail réalisé durant ces mois de préparation. On sait qu’on est tombé dans un groupe de très haut niveau et que les garçons doivent faire preuve d’une grande motivation et d’une grande concentration pour mettre en œuvre l’intelligence tactique que nous avons pensée et travaillée à chaque entraînement. On espère que les joueurs vont prendre du plaisir et qu'ils vont concurrencer de la meilleure des manières ces adversaires.

"On va profiter de ces moments qui sont avant tout des moments humains"

À quels types de match peut-on s’attendre avec le Guatemala ?

Tout est préparé. On a un plan A et des variantes. On espère avoir de la réussite durant les matchs. On est allé jouer contre l’équipe A du Nicaragua et on a gagné 1-0 à l’extérieur et ce fut un très bon match. On attend aussi que les joueurs encore en clubs, disputant les finales du championnat, viennent consolider la sélection. On a le caractère pour défier le Brésil, la France et le Qatar. On va profiter de ces moments qui sont avant tout des moments humains.

Comment appréhendez-vous le fait que vos joueurs jouent tous dans le même championnat au Guatemala ? Peut-on considérer ça comme un avantage ?

On va dire que oui, bien que connaître des championnats étrangers donnent une certaine maturité. Mais surtout quand le joueur a du temps de jeu, parce qu’il y a des joueurs qui évoluent dans des clubs étrangers mais qui sont toujours sur le banc. Cela se répercute sur leur rythme de jeu et leur performance. C’est pour cela que je préfère avoir des joueurs ayant beaucoup du temps de jeu en compétition et ayant des responsabilités dans leur équipe, ce qui permet d’avoir des joueurs avec une certaine expérience malgré leur jeunes âge, à l’image de nos deux champions qui vont nous rejoindre et qui viennent de remporter le championnat avec Antigua GFC. La majorité de mes joueurs joue en équipe première, certains en équipe réserve mais je crois qu’ils savent ce qu’ils doivent faire ici. Ils sont très matures.

Comment les supporters vont suivre ce retour à la compétition après ces deux années ?

Je crois que le football c’est comme tout. Il y a des gens qui te soutiennent quoi qu’il se passe et d’autres qui ont des choses plus importantes dans leur vie. Mais on ne peut pas leur en vouloir. Ceux qui nous aiment, qui aiment notre football, ce sont des passionnés. Ils attendent toujours que la sélection se surpasse et qu'elle connaisse le succès. Ils nous souhaitent le meilleur à chaque moment. Je me concentre surtout sur ces personnes, celles qui sont derrière nous et nos familles, et qui connaissent notre travail quotidien. C’est un privilège, certes, mais avec beaucoup de responsabilités et de sacrifies. Pour être un entraineur de haut niveau, il faut mettre de côté sa vie familiale, mais tout se vaut quand on pense à la joie que l’on peut apporter et aux actions que l’on peut mener pour le football au Guatemala. On a besoin de tout le monde.

Propos recueillis par Jordan Bozonnet et Louis Zachayus

Traduit de l'Espagnol par Louis Zachayus

Crédits photo : Jordan Bozonnet