Après deux victoires en trois matchs lors du premier tour, la Corée du Sud a décroché son billet pour les quarts de finale des Jeux Olympiques en terminant en tête de sa poule. Pourtant, les questions demeurent autour des Guerriers Taeguk et notamment de leur meneur de jeu passé par le Tournoi en 2018, Lee Kang-in.
Dix buts marqués, un seul encaissé, deux victoires en trois rencontres et une première place de groupe. Sur le papier, la Corée du Sud a réalisé une phase de groupes presque parfaite dans ces Jeux Olympiques de Tokyo. Mais il ne faut parfois pas se fier aveuglément aux résultats. En se qualifiant pour les quarts de finale, l’objectif sud-coréen a certes été atteint. Mais à Séoul comme partout ailleurs en Corée, on s’interroge. En cause, la défaite embarrassante face à la Nouvelle-Zélande lors de la 1ère journée (0-1) et un jeu souvent stérile, comme le décrypte le journaliste pour Lucarne Opposée et spécialiste du football sud-coréen, Baptiste Mouragal. « Ils ont pris une sévère claque face aux Néo-Zélandais alors que ce match était considéré comme le plus facile. Ils ont complètement déjoué et n’ont rien montré, ils n’ont pas réussi à défaire le bloc défensif adverse. Et de son côté, la Nouvelle-Zélande marque sur sa seule occasion du match. Ça les a un peu secoués, le sélectionneur Kim Hak-Beom a été vivement critiqué dans les médias ». Si la Corée a ensuite redressé la barre grâce à deux larges succès contre la Roumanie (4-0) et le Honduras (6-0), les doutes ne se sont pas estompés, les observateurs retenant surtout la faiblesse des équipes affrontées.
Au cœur des débats également, l’inévitable sujet Lee Kang-in. Véritable star en Corée du Sud, le milieu offensif cristallise les questions, les compliments, mais aussi les reproches. Bien qu’il ait inscrit trois buts lors de cette phase de groupes, le joueur de Valence n’a pas eu l’influence attendue sur le jeu de son équipe, poussant même son entraîneur à le repositionner… voire à s’en passer. « Il a changé de rôle après le premier match, explique Baptiste Mourigal. Face à la Nouvelle-Zélande, il était le meneur de jeu dans un 4-2-3-1, ça n’a pas marché. Ce n’était pas totalement de sa faute, ses coéquipiers n’offraient pas beaucoup de solutions non plus. Il a débuté ensuite les deuxième et troisième matchs sur le banc. Et quand il est entré, il a occupé un rôle de 9 et demi, ce qui fait qu’il était plus présent devant et à l’approche de la surface ».
« Il est formaté pour devenir un grand joueur »
Une position plus offensive dans laquelle « il semble plus dans son élément » selon le journaliste, et où Lee Kang-in devrait retrouver une place de titulaire ce samedi contre le Mexique en quarts de finale. Comme d’habitude, le joueur passé par le Tournoi Maurice Revello 2018 sera scruté. La lumière devra jaillir de ses pieds pétris de talent, sans quoi un torrent de critiques, auquel la presse sud-coréenne aime s’adonner, l’attendra. « On parle de lui constamment, chaque match de Valence est regardé uniquement pour lui. Son actualité récente a été chargée aussi, entre les rumeurs de transfert, l’affaire autour de sa naturalisation espagnole voulue par le club espagnol... Il est observé en permanence, ça joue sûrement sur sa façon d’être ».
Lee Kang-in au duel avec Jeando Fuchs lors du Tournoi Maurice Revello 2018
Parmi les reproches faits au joueur d’à peine 20 ans, une confiance en lui extrême que certains considèrent comme de l’arrogance. « On l’avait vu au Tournoi, la seule chose qu’il voulait, c’était gagner, se souvient Baptiste Mourigal. Ça fait un peu enfant gâté qui est en colère quand il perd, mais il est formaté pour être un futur grand joueur et quand ça ne marche pas comme il veut, c’est compliqué mentalement pour lui. C’est une star dans son pays. Le fait de jouer en Liga, d’être jeune, vice-champion du monde U20 et déjà appelé en A fait qu’on parle beaucoup de lui. Il y a toute une pression autour de lui, mais qui est à la hauteur de ses énormes qualités ». A tout juste la vingtaine, Lee Kang-in en a pris l’habitude. Le lauréat du Prix Spécial du Tournoi Maurice Revello 2018 sera attendu et il n’y aura pas de demi-mesure : ce sera les critiques ou les louanges. Une fois de plus.
Mathieu Lauricella