C’est ce qu’on appelle un pari gagnant. Prêté au Paris FC par l’OGC Nice, Romain Perraud a préféré aller chercher du temps de jeu en Ligue 2 pour poursuivre sa progression. Bien lui en a pris, puisqu’à 21 ans, le latéral gauche réalise une saison pleine au sein du club francilien, à la lutte pour la montée. Après deux participations successives avec l’équipe de France U20 au Tournoi Maurice Revello (2017 et 2018), l’ancien ailier confirme les qualités dont il a fait preuve sur les pelouses du Festival. Avant, sans doute, de viser encore plus haut. Entretien.
Romain, tu fais partie des joueurs qui ont disputé le Tournoi Maurice Revello à deux reprises (2017 et 2018), que t’ont apporté ces deux participations ?
Le Tournoi m’a beaucoup apporté. C’est une compétition très bien représentée dans le monde entier. Beaucoup de nations y sont venues pour disputer des matchs de très haut niveau. C’est un tournoi assez spécial car il est en fin de saison, mais c’est intéressant parce qu’il offre une super opportunité de se montrer.
En 2017, la France a terminé 6e et tu as participé à deux rencontres contre la Côte d’Ivoire et le Pays de Galles. Ce fut tes premiers pas au niveau U20…
Oui, ça s’était plutôt bien passé même si on n’avait pas eu les résultats qu’on voulait car on ne s’était pas qualifiés. On a fait notamment match nul contre le Pays de Galles (0-0) en livrant une bonne rencontre mais en ne parvenant pas à concrétiser. D’un point de vue personnel, ça m’a permis de goûter au niveau U20. Il fallait que j’essaye de me jauger et ça s’est bien passé, j’étais plutôt content. Cette première participation m’a permis d’arriver à l’édition 2018 avec plus d’expérience.
Romain Perraud (à gauche) face à Joe Rodon, du Pays de Galles, lors du Tournoi Maurice Revello 2017 (crédits photo : Magali Ruffato)
L’année suivante, tu as été plus en réussite en jouant quatre matchs et en étant nommé dans l’équipe type du Tournoi. Qu’est-ce qui avait changé par rapport à l’édition précédente ?
On avait engrangé de l’expérience. Personnellement, j’ai pu goûter au monde pro en jouant des matchs de Ligue Europa avec l’OGC Nice entretemps. Je savais que c’était peut-être l’une des dernières fois que j’allais être sélectionné en Equipe de France chez les jeunes donc j’avais vraiment à cœur de me donner à 200% pour essayer de réaliser de bonnes performances. Et c’est ce qui s’est passé, je suis arrivé avec beaucoup de détermination. J’ai été nommé dans l’équipe type du Tournoi, ce qui a été une très grande satisfaction. Ça m’a ouvert des portes. Ce genre de tournoi, je ne l’ai jamais pris par-dessus la jambe. J’ai toujours pensé que c’était hyper important personnellement. Et aujourd’hui, si le Paris FC m’a accueilli en prêt, c’est parce qu’ils ont vu mes matchs pendant le Tournoi.
En octobre, tu déclarais dans une interview au site officiel du Paris FC « Je dois tout à l’Equipe de France. C’est ce qui m’a permis de signer à Nice et de montrer ce dont j’étais capable. […] Le Tournoi m’a permis d’avoir de la visibilité, et je suis fier de moi d’avoir été investi à 200% dans cette expérience ». Cela rejoint ce que tu dis sur la détermination de jouer cette compétition…
Exactement. J’étais un peu « à la cave » à Nice, je jouais en réserve, je n’avais pas trop de visibilité. J’avais pour ambition de quitter l’OGCN car je savais que ça allait être bouché pour la saison à venir. J’ai eu la chance d’être sélectionné donc à partir de là, je me suis préparé à fond pour essayer de montrer toutes mes qualités et m’offrir plus de visibilité.
Si tu devais garder un souvenir de ces deux participations, quel serait-il ?
Je dirais le premier match de l’édition 2018 face à la Corée du Sud. La première rencontre, c’est toujours celle qui lance la compétition, ça donne le ton pour la suite. Je me souviens qu’on les bat 4-1 et que je suis passeur décisif en livrant un beau match. Ça m’a permis de continuer avec beaucoup de confiance.
« Quand je frappe, parfois ça rentre, parfois ça va dans les nuages »
Tu réalises une excellente saison au Paris FC. Comment expliques-tu ta réussite actuelle ?
Tout d’abord car le staff m’a énormément fait confiance. J’ai joué dès mon arrivée, j’ai été très bien accueilli. Je me suis dit « Romain, prends du plaisir avant tout, essaie de démontrer tes qualités et ne te pose aucune question ». Et c’est ce qui s’est passé. On a aligné les bons résultats, donc c’était parfait pour moi.
On t’a même découvert des talents de buteur, puisque tu as déjà inscrit quatre réalisations, dont de jolies frappes…
Oui, je dois ça au fait qu’avant, je jouais au poste d’ailier gauche, j’étais plus haut. J’ai toujours eu cet instinct de buteur, de vouloir frapper dès que je le pouvais. Quand j’ai des situations en match, j’essaie de prendre ma chance. Parfois ça rentre, parfois ça va dans les nuages (rires). Mais dans l’ensemble, c’est quelque chose de positif.
Le Paris FC est 4e de Ligue 2 à trois points du podium. Serait-ce désormais une déception de ne pas monter en Ligue 1 ?
(Hésitant) Je ne sais pas… Il ne faut pas oublier que l’objectif initial du club était de se maintenir. Aujourd’hui, le maintien est acquis, il n’y a pas de problème. Mais on est vraiment ambitieux et on a envie de tout mettre on œuvre pour monter. Ce serait quelque chose d’exceptionnel, même au moins d’accrocher les barrages.
Tu es prêté par l’OGC Nice jusqu’à la fin de la saison. Quelles sont tes ambitions pour la saison prochaine et en as-tu discuté avec Patrick Vieira, le coach du Gym ?
Je n’ai eu aucune discussion avec l’OGC Nice. Je suis concentré uniquement sur ma saison, je n’ai pas envie de me projeter sur l’année prochaine. Il reste du temps, il y a une deuxième partie de saison à jouer. Je n’échange pas avec les dirigeants niçois pour le moment mais ça ne me pose pas plus de problème que ça. J’ai des ambitions personnelles, c’est clair. Mais après, rien n’est sûr. Peut-être que ce sera à Nice, peut-être que ce sera ailleurs. Je ne sais pas encore comment ça va se passer à la trêve. On verra bien, je ne sais pas ce que le club me dira, si on compte sur moi ou non. Tout ça, je l’envisagerai plus tard.
Tu as déjà joué en pro avec Nice la saison dernière en Ligue 1 contre Saint-Etienne et en Europa League contre le Vitesse Arnhem et le Lokomotiv Moscou, et en 2016-2017 contre Krasnodar. Comment avais-tu vécu ces moments ?
C’était particulier. Je me souviens de mon premier match face à Krasnodar, j’étais titulaire. C’était en coupe d’Europe, ça faisait tout drôle. C’était des sentiments inoubliables. En plus, c’était le niveau européen, on était tout de suite mis dans le bain. Ce ne sont que de bons souvenirs, c’était une très belle expérience.
« Les Espoirs, toujours dans un coin de ma tête »
Tu as le profil d’un latéral moderne, doté d’une bonne qualité de centre et qui monte énormément, dû à ta formation en tant qu’ailier. Comment jongles-tu entre les aspects offensif et défensif que requiert ton poste ?
Mon état d’esprit premier, c’est de défendre du mieux possible. C’est ce que je me mets en tête dès que j’entre sur le terrain, essayer de gagner le plus de duels possible, prendre le dessus sur mon vis-à-vis… Après, je sais qu’avec mon profil de joueur, dès que j’ai la possibilité d’apporter le surnombre offensivement, je le fais. J’essaie de ne pas être avare en efforts. Je prends énormément de plaisir à prendre le couloir, dédoubler, centrer, essayer de frapper, apporter un plus sur le plan offensif. C’est quelque chose qui me tient à cœur.
Dois-tu progresser sur un aspect de ton jeu en particulier ?
Tactiquement, j’ai encore plusieurs choses à travailler et à régler : être encore plus performant dans mon positionnement, bien fermer le couloir avec mon ailier… Ce sont des choses qui viendront au fil des matchs. J’aimerais avoir plus de précision sur mes centres. J’ai beaucoup centré cette saison, et ce n’est pas tout le temps arrivé comme je le souhaitais. Il y a encore beaucoup de travail, j’en ai conscience. Je vais tout faire pour essayer de progresser et d’être le plus perfectionniste possible.
Tu as 21 ans et tu es donc toujours éligible pour jouer avec les espoirs avant de prétendre à l’équipe de France A. Est-ce une ambition ou un défi que tu te fixes ?
C’est toujours dans un coin de ma tête, ce serait magnifique. Je l’ai toujours dit, l’équipe de France, c’est la consécration. Pour un joueur, c’est quelque chose d’exceptionnel. Maintenant, il faut rester lucide. Je sais qu’il y a des joueurs devant moi qui jouent en Ligue 1 ou à l’étranger. Aujourd’hui, je me concentre seulement sur ma saison au Paris FC, en essayant d’être le plus performant possible et de continuer à prendre du plaisir, c’est quelque chose qu’il ne faut surtout pas oublier. Et après s’il y a une bonne nouvelle d’ici la fin de la saison, je serai le plus heureux.
Propos recueillis par Mathieu Lauricella
Crédits photo : Eric Estrade