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2 mai 2019

INTERVIEW - Ramon Raya (Mexique, 1988) : « Le meilleur Tournoi que j’ai fait dans ma vie »

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Même plus de trente ans plus tard, il n’a rien oublié. En 1988, Ramon Raya n’a pas encore vingt ans lorsqu’il participe au Tournoi Maurice Revello sous les couleurs du Mexique. L’ancien attaquant évolue alors aux Pumas et débute tout juste sa carrière. Aujourd’hui, trois décennies sont passées et les souvenirs demeurent intacts pour celui qui s’est reconverti en sélectionneur des équipes de beach soccer et de futsal de son pays. Depuis son Mexique natal, il a répondu à nos questions. Du Tournoi 1988 à sa nouvelle vie de coach, en passant par sa carrière en sélection ou encore Diego Lainez, Ramon Raya raconte et se raconte.

Ramon, quels souvenirs gardez-vous du Tournoi 1988 ?

C’est le meilleur Tournoi que j’ai pu faire dans ma vie. Ma carrière venait de commencer et je ne savais pas qu’elle allait se terminer aussi rapidement. C’est pour moi sans doute le meilleur niveau footballistique auquel j’ai pu prendre part dans ma carrière.

Cette année-là, le Mexique n’avait pas réalisé son meilleur parcours en terminant à la 7e place, c’était un tournoi difficile ?

Le Mexique était suspendu par la FIFA, et la sélection n’avait été autorisée à participer que très peu de temps avant le début du Tournoi. Du coup, la préparation qu’on a eue n’a pas été celle que l’on faisait habituellement. En plus, à ce moment-là, je jouais en première division avec les Pumas et ils n’avaient pas voulu me « céder » à la sélection dès le début de la préparation. C’est pour ça que je l’ai rejoint seulement deux semaines avant le voyage. Je pense que cette mauvaise préparation a eu des influences malheureuses sur les résultats pendant le Tournoi.

Vous aviez affronté l’Angleterre de Paul Gascoigne (défaite 2-1), quels souvenirs en gardez-vous ? Comment était le joueur anglais à cette époque ?

Ce match-là est sans aucun doute le meilleur match que j’ai fait de ma carrière. Je ne savais pas encore que j’allais rapidement arrêter de jouer à cause d’une blessure. Il y a des jours où tout ce que vous essayez se passe bien, et c’était un de ces jours-là pour moi. J’ai encore en tête de façon très claire certaines des actions du match. Il y en a une où je passe le ballon par-dessus la tête de David Rocastle (ancien international anglais et joueur d’Arsenal, NDLR), il s’est retourné et il m’a applaudi ! C’est une action sur laquelle j’aurais pu égaliser pour mon équipe, mais le ballon a été dévié par un défenseur alors que je pense que mon tir était cadré. Il y a eu aussi le duel avec Gascoigne, qui aurait pu tourner en notre faveur. Il nous avait tous surpris par la force et l’intensité qu’il mettait dans chacun de ses mouvements, de la première minute jusqu’à la fin. C’est ce qui m’a marqué et c’est sans doute l’un des joueurs les plus compétitifs que j’ai eu à affronter dans ma vie.

« Le brassard, une très grande fierté »

Dans cette équipe du Mexique et aussi aux Pumas, votre club à l’époque, vous jouiez avec deux illustres internationaux mexicains : Jorge Campos, le gardien aux 130 sélections et aux maillots multicolores, et Claudio Suarez, l’ancien recordman mondial du nombre de sélections nationales (178). Que pouvez-vous nous dire sur eux ?

Campos et Suarez jouaient tous deux leurs premiers matchs avec la sélection du Mexique. Je crois qu’il n’y en a aucun des deux qui imaginait ce qu’ils allaient pouvoir faire pendant leur carrière. Dans cette équipe, il y avait aussi Juan de Dios Ramirez Perales, avec qui j’avais participé à la Coupe du Monde U17 en 1985 et qui a joué six ans avec eux. Ils ont tous les trois fait le Mondial 1994 avec le Mexique.

Personnellement, vous étiez capitaine de l’équipe du Mexique. Qu’est-ce que cela représentait pour vous ? Comment gériez-vous cette responsabilité ?

C’est grâce à Bora Milutinovic (ancien sélectionneur du Mexique, NDLR), qui accompagnait l’équipe pendant le Tournoi, qu’on m’a donné le brassard de capitaine. J’avais été sélectionné en U17 et U20 avant et jamais je n’avais eu cet honneur. C’est peut-être parce qu’à ce moment-là, j’étais le seul qui jouait en première division comme titulaire. Tout ce que je retiens, c’est que ce fut pour moi une très grande fierté car pendant le Tournoi, il y avait aussi de très grands joueurs qui étaient capitaines de leur équipe. Le meilleur exemple, c’est Didier Deschamps, qui était capitaine de l’équipe de France cette année-là.

Vous aviez joué tous les matchs dans leur intégralité lors du Tournoi, votre sélectionneur semblait vous faire confiance… Comment avaient été vos performances ?

Ça m’avait fait très mal de perdre les matchs d’un seul but, mise à part la victoire contre la Suisse où j’avais été l’un des seuls à marquer lors de la séance de tirs au but. Je pense qu’on aurait pu faire bien mieux si seulement on avait eu un peu plus de temps de préparation. Sur le plan personnel, je m’étais senti très bien. Le début contre l’Angleterre m’avait apporté beaucoup de confiance pour continuer de faire un bon Tournoi. Ce fut très satisfaisait et très motivant de me rendre compte que malgré mes dix-neuf ans, j’avais le niveau pour jouer contre des équipes de ce calibre et de réussir un Tournoi aussi important.


Ramon Raya et le titre de champion CONCACAF de beach soccer

« On rêve que Diego Lainez marque de son empreinte un Mondial »

Après votre participation et depuis toutes ces années, avez-vous continué à suivre le Tournoi ? Que représente-t-il pour vous ?

Je me suis toujours intéressé au Tournoi avant d’y participer et j’ai continué après. J’ai toujours été au courant des grands joueurs qui y sont passés. Le Mexique y a été invité très fréquemment. C’est pour ça que pour moi, c’était facile de suivre le Tournoi et les équipes qui y participaient. Aujourd’hui chez moi, j’ai beaucoup d’objets souvenirs que certains des Mexicains qui y ont participé récemment m’ont offert parce qu’ils savent que pour moi, ce Tournoi représente quelque chose de très spécial.

L’année dernière, le Mexique a atteint la finale de la compétition grâce notamment à Diego Lainez, qui a été élu meilleur joueur du Tournoi. Que pensez-vous de ce joueur et comment est-il perçu au Mexique ?

Diego est un talent en puissance, comme beaucoup de ceux qui jouent le Tournoi. C’est une promesse, il a encore beaucoup de travail devant lui dans sa carrière sportive. Tous les Mexicains, nous espérons qu’il puisse continuer à grandir pour qu’il puisse aider la sélection nationale à atteindre tous ses objectifs. On rêve qu’il puisse marquer de son empreinte une Coupe du Monde et faire encore mieux que ce que l’on a pu faire lors des Mondiaux précédents.

Vous êtes aujourd’hui sélectionneur de l’équipe du Mexique de beach soccer et de futsal depuis de nombreuses années. Vous avez entraîné lors de cinq coupes du Monde de beach et une de futsal. Pouvez-vous nous parler de ces fonctions ?

Mon arrivée au beach soccer et au futsal a été une pure coïncidence. J’avais été invité à un tournoi privé de beach en 2001, auquel participait également Eric Cantona. J’ai pu comprendre très rapidement l’importance de cette discipline dans le monde entier. Quand la FIFA a pris en charge le beach soccer, Jorge Campos a été sollicité pour intégrer la sélection mexicaine et c’est lui qui a soufflé mon nom. C’est comme ça qu’on m’a offert le poste de sélectionneur. C’est grâce à Jorge et parce que je connaissais les attentes autour de ce sport nouveau à l’époque.

Pour notre premier Mondial de beach soccer en 2007, on a réussi la performance incroyable d’aller en finale de la compétition. On a surpris tout le monde, et à partir de là, la fédération m’a demandé de rester. Les années ont passé et les résultats ont continué d’être bons, même s’il reste encore beaucoup à faire dans les deux sports pour qu’ils continuent de grandir au Mexique.

La Coupe du Monde beach soccer a lieu à l’automne 2019 et de futsal en 2020, ce sont des objectifs ?

Pour moi, les objectifs sont très clairs : se qualifier pour les deux Coupes du Monde et aller le plus loin possible, même si on a beaucoup d’obstacles car il n’y a pas de championnats ou de tournois de beach soccer et de futsal au Mexique. On a toujours lutté pour essayer de grandir et d’évoluer parce que dans un pays où le foot est aussi important qu’il l’est au Mexique, ce n’est pas évident de coexister et d’attirer l’attention des gens vers un autre sport.

Propos recueillis et traduits par Jimmy Lucas, retranscrits par Mathieu Lauricella

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