C’était une participation historiquement et symboliquement forte. En 2017, Cuba prenait part au Tournoi Maurice Revello pour la première fois . Un événement majeur pour des jeunes joueurs et une sélection qui n’avaient participé à aucun tournoi international hors d’Amérique depuis… 1938 et une Coupe du Monde jouée en France, déjà. En terminant dixième sur douze et en démontrant un état d’esprit admirable sur et en-dehors du terrain, les Cubains ont croqué à pleines dents une opportunité sans précédent. Battus par l'Angleterre (7-1) et l'Angola (5-1) dans leur groupe, ils ont surtout contraint le Japon à un match nul inespéré (1-1).
Trois ans plus tard, le football à Cuba a poursuivi son développement. Portée par une majorité de jeunes joueurs, dont certains ont disputé le Tournoi Maurice Revello, la sélection A de Cuba remonte la pente. La nation caribéenne a notamment pris part à la Gold Cup 2019 au terme d'une campagne de qualification aboutie . Si elle a ensuite essuyé trois revers en trois matchs lors de la compétition, elle a encore acquis de l'expérience nécessaire à son évolution.
Aujourd’hui en poste au sein de la fédération de Curaçao, Raul Gonzalez Triana, le sélectionneur de l’époque lors du Tournoi, a accepté de revenir sur la participation de Cuba au Tournoi Maurice Revello et l’héritage que le pays en a tiré. Entretien.
Raul, qu’est-ce que ça représentait pour vous à l’époque de disputer le Tournoi Maurice Revello ?
C’était une grande satisfaction pour nous et quelque chose de totalement nouveau. Nous n’étions pas habitués à sortir du pays et encore moins à aller jusqu’en Europe. Ce Tournoi a été une grande expérience à vivre. Nous avons surtout appris du football européen et mondial au niveau tactique avec les équipes que nous avons pu rencontrer. Cuba n’avait pas une grande culture tactique. Depuis trois ans, nous essayons d’inculquer une plus grosse rigueur tactique à toutes les équipes de jeunes.
Qu’est-ce que cela a apporté à vos joueurs de disputer cette compétition ?
Cela a été une grande expérience pour eux. Le Tournoi leur a permis de découvrir un football qu’ils ne connaissaient pas, plus tactique. L’apprentissage a été difficile, mais ils ont beaucoup évolué en y participant.
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« Grâce au football, les barrières entre les pays tombent » Quels souvenirs gardez-vous de votre participation et votre séjour en France ?
Cela a été merveilleux. Nous avons été superbement accueillis à l’hôtel, on ne manquait de rien. Tout le monde était là pour nous, c’était quelque chose de très agréable. Personnellement, je retiens surtout du séjour ce qu’on a vécu sur le plan culturel. Nous avons pu découvrir le peuple français, ses coutumes, ses traditions et ses habitudes. C’était un monde qu’on ne connaissait pas et c’était très enrichissant de partir à sa découverte.
L’équipe U20 de Cuba n’était que rarement sortie du territoire pour jouer une compétition, cette participation avait-elle aussi une connotation historique et politique ? (la dernière fois que Cuba était venu en France pour le football, c’était lors de la coupe du Monde 1938, NDLR )
Pour nous, notre venue dans un tournoi d’une si grande envergure a évidemment été enrichissante. C’était aussi quelque chose d’historique pour le pays. Ça montre également qu’il n’y a que le sport qui peut supprimer toutes les barrières qui peuvent exister. Grâce au football, les frontières politiques ou culturelles entre les pays tombent. C’est la plus grosse richesse que l’on retiendra de ce Tournoi.
Gonzalez Triana prodigue ses conseils au jeune Alessandro Amador lors du Tournoi Maurice Revello 2017
Aujourd’hui, le football cubain évolue dans le bon sens, quels sont les objectifs futurs pour les sélections cubaines ?
Effectivement, la sélection cubaine va dans la bonne direction depuis ce tournoi notamment. Grâce à notre participation en 2017, les sélections de jeunes et particulièrement l’équipe U20 participent à plus de tournois à l’extérieur du pays. Notre venue au Tournoi a peut-être été un élément déclencheur vers une plus grosse ouverture sur l’international.
Personnellement, comment avez-vous vécu l’après-Tournoi et quelle est votre activité à présent ?
Le Tournoi a été une grande expérience pour moi. J’ai pu apprendre beaucoup en affrontant des équipes européennes et asiatiques. Je ne suis plus sélectionneur de Cuba, je suis parti vers un nouveau projet avec l’entraîneur des gardiens de buts qui était avec moi pour entraîner la sélection de Curaçao et y développer le football. Je m’occupe des sélections U17 et U20 du pays. J’essaie d’apporter l’expérience que j’ai pu acquérir lors de mon passage à Cuba et évidemment lors du Tournoi.
Propos recueillis par Jimmy Lucas et Mathieu Lauricella Traduction : Jimmy Lucas Crédits photos : Magali Ruffato