Avec 27 participations en 49 éditions, le Mexique est la 3e nation ayant le plus souvent pris part au Tournoi Maurice Revello, derrière la France et le Portugal. Des débuts prometteurs pour la sélection aztèque, qui termine à la 4e place en 1975 puis à la 3e l'année suivante. Fer de lance de cette équipe, Hugo Sanchez se révèle aux yeux de l'Europe lors de ces 2 éditions. Auteur d'un but face au Portugal en 1975 et l'Italie en 1976, l'attaquant mexicain démontre déjà des qualités qui feront de lui un buteur hors pair durant sa carrière. Alors au Pumas UNAM, il ne prend la direction de l'Europe que 5 ans plus tard en rejoignant l'Atlético de Madrid. Mais c'est au sein de l'autre club madrilène que Sanchez va devenir une légende. Il rejoint les Merengues en 1985 et durant 7 saisons, il empile les buts (208 en 2082 matches) et les trophées.
Dans le cadre de la cinquantième édition du Tournoi Maurice Revello, nous avons eu la chance d'échanger avec la légende mexicaine qui est revenu sur sa carrière et l'importance du Tournoi Maurice Revello pour celle-ci.
Quels sont vos souvenirs des tournois disputés en 1975/1976 ?
“Tout a commencé en 1974 lorsque nous avons disputé notre premier tournoi de Cannes. J’avais alors 14 ans, j’ai eu mes 15 ans là-bas d’ailleurs puisque je suis du mois de Juillet et pour moi ça a été une expérience extraordinaire puisque j’arrivais dans l’équipe pré-Olympique du Mexique. Expérience extraordinaire parce que jouer un tournoi national c’est quelque chose mais jouer un tournoi international, ça apporte beaucoup plus d’expérience, de maturité dans le jeu et en 1975 est arrivée une invitation du Tournoi de Toulon (ndlr: ancien nom du Tournoi Maurice Revello). Pour nous tous et pour moi particulièrement, participer au Tournoi de Toulon, c’était comme gravir des échelons petit à petit. On passait d’un tournoi jeune, de Cannes, vers un tournoi encore plus important avec le Tournoi de Toulon.”
A propos du Tournoi de Cannes (1975) dans lequel il sort meilleur buteur et meilleur joueur du Tournoi et le Mexique gagne ce tournoi :
“C’était très important parce que pour la première fois, ils étaient mélangés à des équipes professionnelles alors qu’auparavant il y avait le tournoi amateur. Pour la première fois, on pouvait se mesurer à des joueurs de clubs professionnels. Cannes c’était un peu le collège, Toulon c’était le lycée. Mon arrivée ensuite en sélection nationale A, c’était l’université. C’était plusieurs apprentissages, j’ai gravi plusieurs échelons. Je suis très reconnaissant à la France et en particulier au Tournoi de Toulon, la France est mon “chouchou”. Grâce à ce tournoi international, j’ai appris et découvert une nouvelle façon de vivre. Voyager m’a permis d’avoir de la maturité, d’apprendre des choses au niveau footballistique mais surtout au niveau éducatif et culturel, par exemple sur la façon de manger ou ce que vous mangez en France. Cet apprentissage est complet et pas seulement footballistique”
“Disputer le Tournoi de Toulon (ndlr: ancien nom du Tournoi Maurice Revello) a été un élément très important dans mon apprentissage. Un tournoi avec un niveau aussi haut, semi-professionnel. Ça a été une grande préparation pour les Jeux Olympiques de 1976.
Qu’est ce qu’on ressent quand on a 14/15 ans et qu’on porte pour la première fois le maillot du Mexique et qu’on représente son pays ?
“J’ai commencé à revêtir le maillot de la sélection mexicaine pour être comme mon frère. Nous sommes une famille de 6 frères et sœurs, 3 garçons et 3 filles et mon frère Horacio a joué aux Pumas de Mexico. J’ai voulu lui ressembler, être comme lui puisque par exemple c’était lui qui était le gardien de but à Munich en 1972. A partir de 12 ans, j’ai vu mon frère sollicité par la presse, par la radio, signer des autographes, j’étais un peu jaloux de ce qu’il vivait et je voulais lui ressembler, être comme lui et je voulais aller à des Jeux Olympiques. Mon premier tournoi international, ça a été Cannes en 1974 et c’est pour cela que je considère la France comme un parrain international puisque c’est ce pays qui m’a permis pour la première fois de vêtir le maillot de la sélection et enfin pouvoir être comme mon frère.”
Qu’est ce que ça vous a fait de jouer contre des nations réputées que celles de la France, de l’Angleterre, le Portugal, l’Italie, les Pays bas, … et est-ce que ça a été un moment décisif pour décomplexer le football mexicain par rapport au football mondial ?
“A 16/17 ans, je faisais mes premiers Tournoi de Toulon. A l’époque, en 1978, j’ai été le joueur le plus jeune à participer à un Mondial. Jouer contre des équipes comme l’Argentine qui avait la base de son équipe qui allait être championne du monde en 1978 ou battre le Portugal pendant le Tournoi a été un moment inoubliable. Savoir qu’on était en Europe et qu’on allait affronter ces équipes, au départ on imaginait ces équipes plus fortes que le Mexique et en fait, on s’est rendu compte qu’il n’y avait pas tant de distance et d’écart que cela. Le football mexicain était plus stratégique et technique que le football européen alors que le football européen, il y avait plus de puissance et de rapidité. Ca a été intéressant dans le fait qu’on s’est aperçu que c’était deux footballs différents mais à aucun moment on s’est senti inférieur et ça c’est nouveau pour le football mexicain. Ce qui a également été très important, c’est de jouer dans une ambiance différente, de devoir jouer avec un temps plus froid, avec de la pluie, avec une nourriture différente … C’était une expérience de vie indispensable pour grandir et ce tournoi m’a énormément aidé à grandir.
Est-ce que le Tournoi est vu comme un point de départ de la victoire en Gold Cup en 1977?
“Sans le tournoi de Toulon, je n’aurais jamais acquis la maturité qui m’a permis de faire cette carrière. Toute ma carrière en Europe a donc eu lieu grâce aux deux participations au Tournoi de Toulon (ndlr: ancien nom du Tournoi Maurice Revello).”
Le Tournoi Maurice Revello comme élément déclencheur pour un départ en Europe ?
“Pour la première fois, des amateurs pouvaient rencontrer des pros. Cela a été très utile pour mon expérience et ma maturité. Après le tournoi de Toulon (ndlr: ancien nom du Tournoi Maurice Revello), j’ai voulu croire à des possibilités de jouer en Europe. En 1975, j’ai eu un intérêt de l’OM lors du tournoi de Cannes. Je voulais briller et j’ai brillé puisqu’il gagna en Finale contre l’OM et finissant meilleur buteur. Mais je n’ai pas reçu l'autorisation de par ma sélection et ma mère de jouer en Europe car je devais finir mes études de dentiste (permettant d'être plus réfléchi). En 1981, j’ai eu le choix entre Arsenal et l’Atletico mais j’aurais adoré jouer en France si j’avais pu avoir le choix et plus particulièrement à l’OM.”
Sa place en tant que 9ème plus grand joueur du tournoi
“ C'est une grande fierté pour moi mais je serais intéressé de savoir qui est devant ou derrière moi.”
Quel est la valeur du tournoi pour les Mexicains (3e pays avec le plus de participation)?
“Ce tournoi a une très grande valeur, une grande relation avec les gens du tournoi qui ont permis d’avoir de grandes relations. Le Mexique a toujours eu une tendresse particulière, un morceau des médailles olympiques obtenu lors des Jeux Olympiques revient sans nul doute au Tournoi de Toulon (ndlr: ancien nom du Tournoi Maurice Revello) car sans ce tournoi, les médailles n’auraient pas été possibles.”
Que dirais-tu aux jeunes mexicains qui vont participer à l’édition 2024?
“Ce tournoi donne une expérience qui a peu d’équivalent dans le monde, pratiquement une garantie pour être professionnel, pas tout le monde n’a cette chance et il faut saisir cette chance. Ce tournoi et la participation du Mexique est due à une certaine tendresse réciproque, j’aime la France et le tournoi et j’en suis très reconnaissant. C’est pour cela que le Mexique doit tout faire pour remporter la compétition et laisser le nom du Mexique le plus haut et donner la meilleure image possible et je leur envoie mes meilleurs voeux.”