Alors que le Maroc participe cette année à la cinquième édition de la Sud Ladies Cup (du 27 Mai au 4 Juin), la Fédération Royale Marocaine de Football s'implique énormèment depuis quelques années dans le développement de son football féminin, notamment auprès des jeunes joueuses. Au travers de plusieurs programmes et engagements, le but est de permettre aux joueuses, entraineurs et staffs d'être dans les conditions les plus parfaites possibles pour performer et s'approcher des meilleures nations du monde que sont les Etats-Unis, le Japon ou encore l'Allemagne. Au sein de cet article, nous avons pu interroger Imane Saoud (@imaanesaoud), internationale marocaine, sur sa vision du football féminin au sein de son pays.
Des investissements qui portent leurs fruits
Dans l'ombre des joueurs masculins qui ont fait sensation lors de la Coupe du Monde au Qatar en arrivant en demi-finale, un autre événement a marqué le football marocain récemment. En effet, en 2023, l'équipe féminine du Maroc a participé à sa première Coupe du Monde en Australie et Nouvelle-Zélande. Mieux que participer, elle a elle aussi fait très bonne impression puisqu'en finissant deuxième d'un groupe relevé avec la Colombie, l'Allemagne et la Corée du Sud, le Maroc s'est qualifié en huitième de finale contre la France (défaite 4-0). Selon Imane Saoud: " ce tournoi a beaucoup représenté pour le peuple Marocain mais aussi pour moi. Tout le monde n'a pas la chance de pouvoir représenter son pays et c'est une fierté d'avoir apporté mes qualités à l'équipe ". Cette formidable première participation a mis en avant le travail effectué par la FRMF depuis plusieurs années pour accélerer les investissements concernant le football féminin au pays. Les résultats de l'équipe première n'est que le résultat des actions menées dès le plus jeune âge pour inciter les jeunes filles à s'engager dans la pratique du football. Pour exemple, de nombreux partenariats avec des écoles aux Etats-Unis pour faire entrer les jeunes joueuses en sport-étude ont été noué, ce qui permet aux jeunes de pouvoir allier études et pratique du football. Au sein des catégories de jeunes aussi, les premiers résultats apparaissent. Les U17 se sont également qualifiées pour leur première Coupe du Monde récemment, lors de laquelle elles finiront 3ème de leur groupe.
Le championnat local comme rampe de lancement
Pour faire développer et améliorer les conditions de jeu du football féminin, la Fédération s'est aussi penché sur le cas de son championnat local. En 2020, dans la lignée du Plan de développement du football féminin au Maroc 2020-2024, le championnat a connu une révolution. Créé en 2008, les joueuses n'avaient jusqu'à peu qu'un statut amateur. La FRMF, via des efforts colossaux, s'est engagé à changer cela et à rendre le championnat professionnel. C'est la Fédération elle-même qui a alors versé les salaires aux joueuses du championnat, en plus des aides en termes de matériel et de logistique. Ce pas en avant a permis aux 14 équipes du championnat de pouvoir progresser beaucoup plus rapidement, en attirant des joueuses avec plus de facilité, ce qui a de fait augmenté le niveau du championnat. De plus, selon IMane Saoud, la fédération a participé à la création de pôles espoirs dans les villes les plus dynamiques du Maroc ainsi que via la promotion au travers d'affiches faisant la publicité des événements sportifs dans tout le royaume.Cette accélération des progrès est d'autant plus impressionnante que le Maroc, comme le monde entier, a été touché par la pandémie du Covid-19, ce qui aurait pu ralentir les progrès. Il n'en a rien été et le football féminin marocain a même pu se montrer lors de la Ligue des Champions Africaine. En effet, les FAR Rabat, meilleur club du championnat sont parvenus à obtenir la troisième place de cette première édition, ce qui montre l'avancée du football marocain.
Cependant, comme le raconte Imane Saoud, internationale marocaine, il reste malgré tout encore certains progrès à faire: " Les difficultés restent liées à la mentalité et aux moyens. Le football reste un sport considéré comme pour les garçons donc il n'y a pas beaucoup de parents qui poussent leur fille. De plus, le Maroc reste un pays modeste et les coûts restent un sacrifice financier et une consécration de temps importants".
Une reconnaissance du football mondial
Quand le travail est bien réalisé, il est naturellement récompensé. De ce fait, le Maroc s'est vu accorder l'organisation de la CAN féminine en 2022. Là encore, la compétition a été réussie puisque les Lionnes de l'Atlas se sont hissées en finale, lors de laquelle elles seront les malheureuses vaincues face à l'Afrique du Sud (1-2). Sur le plan sociétal, ce tournoi a également permis de changer les mentalités en encourageant les Marocains et Marocaines à suivre leur équipe nationale féminine. Cette attribution n'aurait pas pu se faire sans une amélioration notable des infrastructures. Là encore, la FRMF s'est énormément investie et c'est même la FIFA en personne qui a tenu à le mettre en avant via un article sur son site internet. La FIFA avait d'ailleurs aidé la FRMF lors de la crise sanitaire.
L'objectif en 2024 était de parvenir au nombre de 90 000 licenciées au Maroc et cela devrait être le cas.
Le Maroc a donc effectué un vrai pas en avant concernant le football féminin. Si les titres ne sont pas encore arrivés, nul doute que l'avenir semble radieux pour une nation ambitieuse. Avec peut être une première récompense lors de la Sud Ladies Cup avec une victoire finale.
Marc Schweizer