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16 mai 2019

Le football féminin, leurs ambitions, la situation haïtienne... Gerardo Contreras et Parnel Guerrier se livrent

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Depuis près d'un an, le Vénézulien Gerardo Contreras entraîne l'équipe féminine U19 d'Haïti. Présent à la Sud Ladies Cup avec sa sélection, il a accepté de revenir sur son parcours, ses ambitions et sa relation avec l'équipe qu'il souhaite emnener au plus haut niveau. Son adjoint, Parnel Guerrier, évoque quant à lui la situation de son pays et le rôle du football dans la société haïtienne. Entretien.

Gerardo, combien de temps doit durer votre projet avec la sélection haïtienne ?

Gerardo Contreras : J’ai passé plus de dix ans avec l’équipe féminine du Vénézuela. Je souhaite faire pareil à Haïti et jouer le maximum de Coupes du monde de jeunes. C’est une équipe à fort potentiel, on va faire quelque chose de grand.

Quelles sont les joueuses qui attirent particulièrement votre attention?

GC : Aucune en particulier, elles attirent toutes mon attention (rires) ! A leurs postes respectifs, elles sont toutes intéressantes à voir jouer. Les joueuses ont en moyenne deux ans de moins que leurs homologues dans ce tournoi, on va vite en tirer profit du fait de leur talent et de leur abnégation dont elles ont preuve à leur âge. Vous verrez, dans quelques années, nombreuses seront les Haïtiennes présentes dans les clubs européens.

"Cela prend du temps mais ça vaut le coup"

En regardant les joueuses, on voit plus une famille qu’une équipe. Comment expliquer cette cohésion entre les joueuses ?

GC : Il n’y a rien de plus fort que la famille. Je n’ai pas pour ambition de fonder une équipe mais une famille. Laissez-moi vous expliquer pourquoi… Si j’ai une famille, je peux ensuite avoir une équipe. Je ne connais pas les termes "staff" ou "coach", nous sommes une famille, un point c'est tout. Cela met du temps à se se construire mais croyez-moi, cela vaut le coup. La famille avant tout.

Le pays offre-t-il des conditions optimales pour atteindre le haut niveau ?

GC : Au début c’était difficile, il n’y avait pas de championnat féminin. En premier lieu, la fédération a commencé une politique qui consistait à placer les joueuses à l’étranger. Actuellement, il y a onze joueuses à l’international : six au Canada, deux Chili et trois en France. Cette politique est vraiment bénéfique, même si les joueuses ont le mal du pays. Elles évoluent dans des championnats d’un plus grand calibre que le nôtre. A terme, il faut que notre politique fasse en sorte désormais qu’Haïti soit plus attractif afin d’attirer des joueuses étrangères.

"On est parti de zéro"

Quel a été le moment clé de la féminisation du football à Haïti ?

GC : Je dirais que c’est depuis 2010. (Il se tourne vers son adjoint haïtien Parnel Guerrier et l’invite à prendre la parole).

Parnel Guerrier : Effectivement, 2010 est la date à retenir. Il y a eu un terrible tremblement de terre, toutes les infrastructures ont été quasiment détruites. La FIFA est venue à notre rescousse concernant l’aspect financier, au même moment le gouvernement haïtien a fait le choix d’élargir véritablement le football aux femmes. Bien sûr que le football féminin était reconnu avant 2010, mais c’est vraiment le point de départ que tout le monde a en tête.

Le gouvernent haïtien a-t-il été un acteur clé dans l’ascension du football féminin ?

PG : Haïti est un pays magnifique pour les touristes : du soleil, la plage et le vivre ensemble. Derrière tout cela, se cache une autre facette pour les Haïtiens. La population a beaucoup souffert, notamment des choix politiques. A l’instar de l’Afrique, le travail gouvernemental ne profite jamais au peuple, toujours aux élites. Cependant, force est de constater que pour le football, tout a été mis en oeuvre pour que les sportifs s’épanouissent et se révèlent plus tard sur la scène internationale.

Quels ont été les moyens mis en oeuvre par le gouvernement du pays ?

PG : Lorsque nous avons commencé, nous partions de rien, zéro. La Fédération a fait de son mieux, tout son possible pour qu’on ait tout à notre disposition. A la différence du Vénézuela, nous bénéficions d’infrastructures dernier cri. De plus, l’accent a été mis sur la poursuite des études, il faut que les joueuses pensent dès maintenant à l’après carrière. Concernant le football, le travail a vite porté ses fruits, on était au mondial l’an passé avec les U20, la première génération à avoir bénéficié de l’aide gouvernementale. Le président a vu un énorme potentiel chez les filles dans le football. En mon nom, je remercie chaleureusement le président de nous avoir fait confiance, en nous accordant tout le nécessaire pour réussir. En même temps, c’est donnant-donnant, un pari sur l’avenir : s'il y a des résultats dans les années futures, le gouvernement se portera très bien. Tout le monde sait que le football est le seul sport interplanétaire, les pays s'arrêtent de vivre lors de grandes compétitons de football. A nous de jouer, nous sommes maîtres de notre destin.

Propos recueillis par Paul Schmitt