A la tête de l’Équipe de France finaliste du Festival en 2014 puis champion d’Europe avec les U19 français en 2016, Ludovic Batelli est désormais sélectionneur des U19 émiratis. Ses souvenirs du tournoi, son arrivée aux Emirats arabes unis en passant par Kylian Mbappé, Batelli s’est livré.
Ludovic, vous êtes allé jusqu’en finale du Festival en 2014 avec la France. Quels souvenirs en gardez-vous ?
C’était ma première expérience à la Fédération Française de Football en tant qu’entraîneur national. On avait une génération de joueurs nés en 1994-1995 et quelques 1993 avec des garçons comme Naby Sarr ou Jean-Christophe Bahebeck. Le plateau était très relevé mais nous avions fait un bon tournoi. On a perdu face à une belle équipe du Brésil en finale (défaite 5-2, NDLR).
Que pensez-vous du Festival ?
C’est un tournoi très intéressant où les plus grands joueurs en devenir sont passés. Mais c’est vrai qu’il souffre un peu. Les compétitions internationales se passent quasiment au même moment. Les grandes nations ne sont pas toutes là. C’est dommage. La programmation de la FIFA pour les Coupes du monde n’est pas toujours bien organisée. Souvent à des dates complètement anachroniques… Ça pénalise les sélections nationales.
Quelles sont les raisons de votre venue au Festival ?
Je suis actuellement entraîneur de la sélection U19 des Emirats Arabes Unis. Dans notre poule nous allons rencontrer le Qatar, présent au tournoi. Ça me permet de les observer en prévision des matchs en octobre dans le cadre de l’Asian Cup.
"Mbappé a une tête bien remplie et il l'a garde sur les épaules"
En 2016 vous avez été champion d’Europe avec les Bleuets. Il y avait notamment dans votre équipe Ludovic Blas et Clément Michelin, présents cette année avec la sélection française au Festival. Quelle évolution avez-vous pu noter pour ces deux joueurs depuis deux ans ?
Clément Michelin a joué avec la sélection mais aussi en club. Après, il a été embêté l’année passée avec les blessures donc c’est compliqué. Concernant Ludovic Blas, il a fait une belle saison même si avec l’arrivée de Clément Grenier au mercato il a un peu moins joué. Mais sur ce que j’ai vu de lui, j’ai noté une belle progression avec une belle attitude.
Et que dire de l'évolution de Kylian Mbappé ? Vous l'aviez dans votre effectif en 2016 lors du sacre des Bleuets.
Je ne vais pas dire que c’était écrit mais presque. C’est un phénomène de talent, de précocité, de maturité. Je suis très content d’avoir pu le côtoyer. Je l’avais déjà connu en U16. Je l’avais prédit. C’était le futur grand joueur. Il a le talent, il aime le football et il aime travailler. Il a une tête bien remplie et il l’a garde sur les épaules. Il est bien entouré aussi. Je lui souhaite de faire une très grande carrière et d’atteindre le top 3 des meilleurs joueurs.
Vous aviez pour ambition de prendre la tête de l’équipe de France Espoirs. Pourquoi ça n’a pas marché ?
Il faut poser la question au président de la Fédération.
"Aucun club, hormis Auxerre et Nancy au mercato d'hiver, ne se sont intéressés à moi"
Vous êtes maintenant sélectionneur des U19 émiratis. C’est une surprise. Pourquoi ce choix ?
En France, j’ai été complètement boudé. Aucun club, hormis Auxerre et Nancy au mercato d’hiver, ne se sont intéressés à moi. Un club de Ligue 1 aurait été compliqué vu mon parcours mais j’aurais aimé rebondir sur un bon projet en Ligue 2. Ça n’a pas été le cas. Puis il y a eu cette proposition en mars de la part des Emirats arabes unis avec un challenge très intéressant. Ils ont vraiment voulu m’avoir et ont fait de gros efforts. J’ai été séduit par le projet. Une grosse préparation va être mise en place après le ramadan. C’est un nouveau challenge. Quasiment le même vécu avec la Fédération française mais avec une autre nation. Je vais à la Coupe d’Asie en octobre avec pour objectif de qualifier la sélection pour la Coupe du monde U20 en Pologne en 2019.
Aimeriez-vous participer à la prochaine édition du Festival ?
Je viens d’apprendre que la Coupe du monde U20 va être à cheval entre mai et juin 2019. Ça va tomber aux mêmes dates que le Festival. Mais j’avais déjà émis le souhait de participer à ce tournoi. Il nous aurait permis de très bien préparer la Coupe du monde. Maintenant, on va se pencher sur l’objectif numéro 1 : se qualifier pour l’Asian Cup et finir dans les quatre premiers pour aller à la Coupe du monde l’année prochaine.
Vous êtes sous contrat pour combien de temps ?
J’ai signé pour un an avec une année renouvelable en cas de qualification à la Coupe du monde.
Quelles sont les différences notables entre le football émirati et européen ?
L’impact et la préparation athlétique ne sont pas du tout les mêmes. Les Émiratis ont beaucoup de vitesse sur le plan technique. Ils font preuve de vélocité, vivacité… Malheureusement, ils souffrent du fait que la préparation athlétique est souvent mal faite dans leur club. On va s’atteler à faire une grosse préparation physique d’abord et on enchaînera sur du technico-tactique. Ils en ont besoin. Ils ont tendance à vouloir tout faire très vite et tout de suite. Ça manque un peu de réflexion dans le jeu. Il faut apprendre à les canaliser.
Propos recueillis par Jordan Bozonnet