A 23 ans, Diadie Samassekou présente un CV attrayant : une centaine de matchs avec le RB Salzbourg, trois titres de champion d’Autriche et une trentaine de matchs en Coupe d’Europe à son actif. Au retour de la Coupe d’Afrique des Nations 2019 disputée cet été avec son équipe nationale, le milieu malien s’est confié dans un entretien exclusif. Au programme : le Tournoi Maurice Revello, son parcours en club, en sélection et ses ambitions.
Revenons sur le Tournoi Maurice Revello 2016 disputé avec le Mali. Cette année-là, vous aviez affronté le Mexique, la France, la République Tchèque et la Bulgarie. Quels sont tes souvenirs de cette participation avec les Aigles du Mali ?
J’ai de très bons souvenirs car le Tournoi Maurice Revello m’a permis de m’émanciper en quelque sorte. Avant le tournoi, j’évoluais avec l’équipe réserve du RB Salzbourg et après ma participation, j’ai intégré l’équipe première. On a fait de bons matchs dans l’ensemble, dont un très bon contre la France en dépit de notre défaite.
Si j’en suis là aujourd’hui, c’est un peu grâce au tournoi. J’ai même marqué un but de la tête pendant la compétition (NDLR : face à la Bulgarie : 3-1), ça ne m’était jamais arrivé !
A l’époque, le sélectionneur Fousseni Diawara nous confiait « que tous les joueurs qui sont là ont payé leurs billets d’avion et de train, ils sont venus par leurs propres moyens ». C’est quand même un geste fort !
A la base, on devait avoir des joueurs qui venaient d’Afrique afin de former notre sélection mais ils n’ont pas pu prendre part au tournoi finalement. Cela a jeté un doute sur notre participation mais notre volonté était de participer absolument au tournoi. Il nous a été demandé si on pouvait venir par nos propres moyens. On n‘était pas tous pros mais on a tous fait des efforts et à la fin c’était très bien pour nous.
Parlons de l’actualité récente. Avec le Mali, tu as atteint cet été les huitièmes de finale de la Coupe d’Afrique des Nations 2019. Aucun joueur sélectionné pour cette CAN n’avait plus de 29 ans côté malien. Est-ce qu’on peut dire que l’avenir s’annonce radieux pour ton équipe nationale au vu de cette jeunesse ?
On ne sait jamais de quoi peut être fait le futur mais au vu de ce qu’on a montré durant la dernière CAN et vu l’âge moyen de l’effectif, je pense que dans les années à venir on va faire partie des prétendants au titre. Là, c’était une sorte d’apprentissage, la première CAN pour la plupart d’entre nous. Je pense que dans deux ans, on ira là-bas avec plus d’expérience et il y a moyen de faire quelque chose.
C’était la première Coupe d’Afrique des Nations de ta carrière. En quoi cette compétition est différente des autres ?
C’était ma première CAN, l’enthousiasme autour de cette compétition est différent. C’est quelque chose de très important pour nous et notre famille. Ça n’a pas la même ampleur même si les compétitions disputées ici sont importantes également. C’est une compétition qu’on regarde depuis gamin, c’est un rêve pour nous, y participer c’est comme une réussite. L’objectif, c’est aussi de donner de la joie au peuple vu la situation du pays. J’étais très fier et j’espère que j’aurai l’occasion d’en jouer plus à l’avenir.
" Mes buts en équipe nationale ? Disputer la prochaine Coupe du Monde et gagner une CAN !"
Étonnamment, tu n’as que 9 sélections avec le Mali, ce qui peut surprendre au vu de ton parcours en club. Quels sont tes buts avec les Aigles du Mali dans le futur ?
C’est vrai que je n’ai pas beaucoup de sélections car le sélectionneur précédent ne m’a pas fait confiance. Il faisait davantage confiance aux anciens. Chacun son choix. Je pense que désormais j’ai gagné ma place et l’objectif est de participer à la prochaine Coupe du Monde ! Personnellement et collectivement, c’est l’objectif qu’on s’est donnés. Pourquoi ne pas également gagner une CAN ou deux avant la fin de ma carrière ?
Parlons de ton parcours avec le RB Salzbourg. Quand tu arrives en 2015 en provenance du Mali, pensais-tu devenir un joueur aussi confirmé ? On rappelle que tu as gagné trois titres et disputé 133 matchs toutes compétitions confondues.
Sincèrement non. Déjà, quand j’arrive ici, c’était différent car l’équipe n’était pas aussi connue que maintenant. Au tout début, quand je jouais c’était avec la réserve. Le Tournoi Maurice Revello m’a permis de me montrer et prouver que j’avais le niveau pour jouer avec l’équipe première. Je dirais maintenant que je suis un joueur confirmé même s’il faut toujours se battre pour sa place. On a amené le club à un niveau qui peut me faire dire qu’on fait partie des meilleures équipes de jeunes d’Europe. Maintenant, il faut viser plus haut.
Pour rebondir sur ce que tu as dis, tu affirmes que le Tournoi Maurice Revello t’a permis de montrer que tu avais ta place en équipe première à Salzbourg. Les dirigeants t’en avaient parlé à l’époque ?
Bien sûr ! Avant d’aller au tournoi, le coach de l’équipe première était sceptique. Il n’était pas sûr de vouloir m’intégrer dans le groupe de l’équipe première. Après le tournoi, il m’a donné ma chance et je l’ai saisie !
Diadie Samassekou au duel avec Olivier Kemen (France) lors du Tournoi Maurice Revello 2016
A ce jour, tu affiches 39 matchs de Coupe d’Europe au compteur. Est-ce que tu as été marqué par un match ou une ambiance ?
Déjà tous les matchs à domicile, c’était des matchs de fou ! Les fans étaient vraiment derrière nous. Ici, ce n’est pas une ville de foot mais à travers notre parcours en Ligue Europa, il y avait une vraie ferveur. Cela nous a permis de faire une demi-finale. L’année passée, batte une équipe comme Naples, c’était vraiment marquant. On a dominé une des meilleures équipes italiennes, on était vraiment supérieurs à eux. Cela nous a permis de voir notre niveau et de situer notre place dans le football européen.
La saison dernière a été particulière car c’est la première saison où tu marques en championnat, en Coupe d’Europe et en Coupe d’Afrique. Même si tu es un milieu défensif, c’est un axe sur lequel tu travailles ?
Je travaille sur tous les domaines mais c’est vrai que cette année a été l’une des meilleures de ma carrière sur le plan statistique même si je ne joue pas pour ça. Le plus important, c’est d’aider l’équipe à gagner des matchs. Si je peux marquer, je ne m’en prive pas. J’espère que la saison prochaine sera encore meilleure.
En parlant de saison prochaine, Diadie, ton nom est souvent associé à des clubs européens. Où cela en est ? As-tu des touches ? Vas-tu repartir pour une saison à Salzbourg ?
Je reviens de la Coupe d’Afrique, je n’ai pas eu beaucoup de vacances. Je n’ai pas eu le temps de vraiment penser à mon avenir. Je laisse mes agents travailler, c’est normal que j’aie des touches au vu de mes saisons ici mais je ne me prends pas la tête. J’espère que la saison prochaine, j’aurai l’occasion de jouer, que ça soit ici ou ailleurs, plein de matchs et montrer de quoi je suis capable.
Il y a un club français avec lequel tu as souvent été associé, l’Olympique de Marseille. Ça te plairait ?
Je n’aime pas parler de clubs en particulier car c’est ensuite mal interprété, je dis juste qu’on est en plein mercato. Tous les clubs sont intéressants quand il y a de l‘intérêt. Le plus important, c’est que j’aille dans un club où je peux m’épanouir le plus possible. Si c’est là-bas tant mieux, si ce n’est pas là-bas, ce n’est pas grave.
Un dernier mot pour finir ?
Je voudrais juste encourager les fondateurs et les organisateurs du Tournoi Maurice Revello. En espérant voir encore plus d’équipes africaines invitées à l’avenir car c’est une très belle plateforme pour nous et j’espère que le Mali aura l’occasion de remporter ce tournoi dans le futur.
Propos recueillis par Amayes Brahmi -