Janvier 2019, centre d’entraînement du Stade Lavallois, actuellement sur le podium de National 1. Dans la salle de presse, trois joueurs viennent d’arriver : Gaël Danic, Samuel Bouhours et Fodé Guirassy. Point commun entre eux : ils ont tous les trois participé au Festival International Espoirs – Tournoi Maurice Revello. Le temps d’une heure, les trois coéquipiers ont évoqué leurs souvenirs avec convivialité. Le Tournoi Maurice Revello a été un moment notable dans la carrière internationale des trois joueurs, arrivés à l’été 2018 du côté de la Mayenne.
Gaël Danic en pleine préparation à la Coupe du Monde des moins de 20 ans Pour Gaël Danic, le tournoi était synonyme de préparation à la Coupe du Monde des moins de 20 ans, qui se déroulait quelques semaines après en Argentine. En 2001, l’ancien Lyonnais, faisait partie d’une très bonne génération. Guidée par Djibril Cissé, l’équipe de France finira sur la troisième marche du podium . Habitué des sélections internationales de jeunes, le tournoi reste un moment particulier pour le Breton : « C’est un tournoi international, et à partir du moment où tu revêts le maillot de ton pays, ça fait toujours plaisir. Ça fait des sélections supplémentaires, tu joues contre des équipes contre lequel tu n’as pas l’habitude de jouer. Ce tournoi regroupe des nations qui sortent du lot » De plus, le contexte était spécial : « Nous, on a fait le tournoi car on était en préparation pour la Coupe du Monde des moins de 20 ans en Argentine. Donc on l’a vraiment pris à cœur. C’était une sélection réfléchie pour aller en Argentine. A l’issue du Tournoi Maurice Revello, il y en deux ou trois qui étaient évincés de la sélection. C’était la compétition où il fallait se montrer. On a fini 3e, on avait bien préparé la Coupe du Monde. » Cependant, ce calendrier chargé peut avoir des répercussions : « Après, c’était long puisqu’on est parti trois semaines pour la Coupe du Monde. J’avais trouvé la période fatigante physiquement et mentalement. Ça empiète sur tes vacances et ça peut avoir des incidents sur ta saison d’après. Je fais une saison moyenne avec Rennes, où mentalement j’étais cuit. »
Danic face au Portugal de José Bosingwa
Une première en Bleu pour Samuel Bouhours Différente année, 2008, et autre contexte pour Samuel Bouhours. Le tournoi représente les premières sélections en équipe de France pour le défenseur. Auteur d’une première saison en pro du côté du Mans FC, il revêt le maillot bleu pour la première fois : « Un moment spécial » pour l’intéressé. Arrivés 7es sur 8, les Français n’ont pas réalisé le tournoi escompté . Un résultat toutefois logique selon Samuel : « Nous, on était les bis. Les Ben Arfa , Ménez, Benzema, étaient absents. Il y avait plein de joueurs, on n’était pas les titulaires de notre génération dorée. C’était une semaine où on s’est entrainé et on a joué trois matchs. » Cependant, Samuel Bouhours est heureux d’avoir pu participer au tournoi : « Moi, ça m’a marqué, car c’est une année où j’avais fait aucune sélection, je sortais de ma première année en professionnel, c’était la première fois ou je mettais le maillot Bleu. Revêtir l’ensemble, entendre la Marseillaise, c’est unique dans la carrière d’un joueur. Le tournoi était vraiment un plus pour moi. Je venais de signer pro, j’avais fait un an, il me restait trois ans dans mon club. C’était vraiment que du bonus.»
Samuel Bouhours avec le maillot floqué numéro 19
Fodé Guirassy et le haut niveau Lors du Tournoi Maurice Revello 2016 , Fodé Guirassy va vivre ses premières minutes sous le maillot guinéen, le pays de ses parents, lui le natif d’Aix en Provence. L’ancien pensionnaire de l’Olympique de Marseille, âgé de 22 ans, ne cache pas les débuts compliqués avec le Syli national : « Au début, je voulais voir comment ça se passait car on joue avec des joueurs qu’on ne connaît pas, c’est vraiment différent. Avec la Guinée, c’était un contexte particulier. On est un pays en train de se développer donc c’était compliqué à ce niveau-là ». Malgré tout, il en garde de très bons souvenirs : « C’était bien, car on a joué contre des joueurs de top niveau, contre l’Angleterre, le Portugal, le Japon. Il y avait des vrais joueurs. Je voulais voir ce que c’était le haut niveau. » Pour lui, le résultat importait peu : « On a fini dernier mais je me suis bien amusé. Le fait d’avoir porter le maillot du pays de mes parents, c’était vraiment fort. C’était la première fois que j’y allais. C’était particulier, je suis né à Aix en Provence, j’ai joué à l’OM, j’ai joué dans des stades que je connaissais bien. Individuellement, le tournoi a marqué ma carrière. »
Fodé Guirassy (numéro 11) et la sélection guinéenne durant le Tournoi Maurice Revello 2016
« Stéphane » Bouhours et Nathan Redmond Outre le fait de porter le maillot de son pays, le Tournoi Maurice Revello donne parfois lieu à des anecdotes savoureuses. A l’image de celle qu’a vécu Samuel Bouhours avec un membre du staff de l’équipe de France: « Il m’a appelé Stéphane pendant le premier entrainement, alors qu’il n’y avait aucun Stéphane dans la sélection. Quand on commence et qu’on ne connaît même pas son effectif, tu sais que ça va être compliqué (rires)… » . Pour Fodé Guirassy, le tournoi a été synonyme de grande première au niveau international. Notamment lors de la rencontre contre l’Angleterre. Après avoir ouvert le score, la Guinée subit la plus lourde défaite de l’édition 2016 (7-1). De cette rencontre, le natif d’Aix se souvient d’un échange avec Nathan Redmond, l’international anglais de Southampton : « Contre l’Angleterre, il y a un joueur qui m’a marqué. Au début, on gagnait 1-0, ça jouait bien. Et puis Nathan Redmond prend la balle, se retourne, presque du milieu du terrain, et met une frappe en pleine lucarne. Il va se replacer, il passe à côté de moi, et il me dit « Look, Fifa goal, Fifa goal » J’avais envie de l’insulter, j’étais énervé. Mais il avait mis un vrai but quand même. »
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L’ascension en Ligue 2 en ligne de mire Le Stade Lavallois possède l’effectif le plus complet de National 1 avec notamment des joueurs confirmés comme Mounir Obbadi ou Gaël Danic. Un statut de favori qui peut être pénalisant selon l'ancien milieu de terrain de Bastia : « Le fait qu’on ait un bel effectif nous porte préjudice. On a une belle équipe, ils veulent tous nous battre. Parfois, on fait des vidéos, et on se dit c’est bon, contre cette équipe ça va le faire mais tu les joues et ça n’a rien à voir avec la vidéo. Et le match d’après, ils sont bidons (rires) » . Pour Samuel Bouhours, la fin de championnat va être intense, mais c’est également la partie la plus intéressante pour des Lavallois favoris : « On va dire qu’on est dans le bon wagon. Après dans le jeu et niveau comptable, il y a des choses à améliorer pour se donner au maximum le week-end. Ce n’est pas évident, le championnat est compliqué. Tout le monde peut battre tout le monde, n’importe où et à n’importe quel moment. On travaille tous les jours pour atteindre l’objectif final ». Les Tangos peuvent compter sur leurs trois anciens participants du tournoi pour retrouver les sommets du football français.
François Lecorps