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20 February 2019

INTERVIEW - Julie Thibaud : « Quand on est jeune, on a besoin d’une compétition comme la Sud Ladies’ Cup »

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Premier match en D1 féminine à 16 ans contre le PSG, seule joueuse de l’équipe de France à avoir joué l’intégralité de la Sud Ladies’ Cup, capitaine de l’équipe de France lors de la Coupe du Monde U20 en Bretagne, Julie Thibaud est un espoir du football féminin Français. Aujourd’hui aux Girondins de Bordeaux, elle souhaite confirmer ses performances obtenues avec l’équipe de France à la Sud Ladies’ Cup et durant la Coupe du Monde des moins de 20 ans.  

Julie, tu as participé à la première édition de la Sud Ladies’ Cup en juin 2018 avec l’équipe de France, que retiens-tu de cette compétition ?  

Ce tournoi a été très bon pour nous. C’est toujours agréable de jouer dans le sud de la France. Cela nous a permis de bien préparer la Coupe du Monde. Et l’Allemagne et les Etats-Unis sont quand même deux grosses oppositions. On a pu se jauger avant la Coupe du Monde U20.

Comment avez-vous préparé ces rencontres en amont de la Coupe du Monde U20 ?

En fait, on savait très bien que c’était nos derniers matchs avant la vraie préparation de la Coupe du Monde. Au début c’était compliqué, car il y avait de la fatigue pour tout le monde. Mais après, on a remis les objectifs en place et on a vite compris l’importance de cette compétition. C’était essentiel de jouer contre de telles nations pour préparer la Coupe du Monde quelques semaines après.  

La sélection était-elle déjà définie ?

Non, ce n’était pas le même groupe à la Coupe du Monde. Le coach a vu de nouvelles joueuses lors de cette compétition pour être sûr de ses choix, mais globalement c’était le même groupe, à deux joueuses prêt. Il était important de travailler avec un groupe similaire.


Julie Thibaud face à Ashley Sanchez, des Etats-Unis (crédits photo : Magali Ruffato)

Comment tu t’es sentie, sachant que tu es la seule joueuse de l’équipe de France à avoir participé à la totalité du tournoi ?  

J’étais bien dans ce tournoi. Quand le coach fait appel à moi, je réponds toujours présente. J’ai fait de bonnes performances, et malgré la fin de saison, je me sentais encore bien. Mon club avait arrêté de s’entrainer. Je m’étais entrainée toute seule avec le préparateur physique des Girondins afin d’être en forme pour le tournoi. Cela m’a grandement servi.

As-tu senti une progression pendant le tournoi ?

C’est clair, ça a été crescendo. Haïti était une équipe assez engagée dans les duels, il y avait beaucoup de coups. C’était intéressant pour nous de travailler notre agressivité, et ça ressemblait au premier match qu’on allait avoir en Coupe du Monde face au Ghana, c’était à peu près le même jeu. Face aux Allemandes, on gagne 2-0. Nous nous sommes rendu le match facile car on pensait qu’elles allaient avoir un niveau de jeu supérieur au nôtre. On avait fait un bon match, toute l’équipe avait fait un vrai match collectif. Face aux Etats-Unis, c’était un peu plus dur. C’est une nation très importante du football féminin. On a encaissé des buts sur des erreurs défensives. Cela montre que c’est un manque de concentration et que l’adversaire n’était pas forcément plus fort que nous.

« La Coupe du Monde, un de mes plus beaux souvenirs »

Jouer une Coupe du monde en Bretagne, en tant que capitaine de ton pays, pour toi fille des Deux-Sèvres, c’est forcément un moment particulier…

C’est un des plus beaux souvenirs que j’ai dans le foot. On se sentait vraiment soutenues. Les garçons venaient de gagner, on sentait un fort élan de soutien. Après, je garde toujours ce petit goût amer car je pense qu’on aurait pu aller plus loin. Quand j’y repense, je me dis qu’on aurait pu soulever cette coupe. Mais ça reste un super souvenir. Toute ma famille a pu venir assister aux matchs et me voir avec le maillot de l’équipe de France, c’est quand même une fierté pour eux. J’ai un peu de regrets sur notre parcours, mais c’est comme ça.

Aujourd’hui, tu possèdes déjà un sacré bagage en équipe de France…

L’équipe de France, c’est une grosse fierté. Dans une saison, c’est toujours important de partir en sélection, cela t’apporte cette dose de fraicheur. Tu changes de coach, et en sélection, avec le niveau international tu apprends en accéléré, plus vite, plus fort, tu es obligé de t’adapter. C’est un changement de ton quotidien qui est toujours bénéfique. Quand tu reviens, tu es encore plus déterminé. En conclusion, la sélection a été essentielle dans ma progression. Quand on est jeune on a besoin de ce genre de compétition comme la Sud Ladies’ Cup ou la Coupe du Monde.

Le retour à Bordeaux n’a pas été trop dur ?

J’ai eu trois bonnes semaines de coupure, c’est déjà bien. Avant la Coupe du Monde, j’avais repris l’entraînement avec Bordeaux. A mon retour, j’ai été bien intégrée. Après, sportivement il y a eu quelques soucis. Je n’ai pas joué directement à mon poste, on m’a reproché d’avoir trop confiance à la sortie de la Coupe du Monde. Personnellement, j’étais contente de mes performances, j’étais capitaine, j’avais une certaine confiance en moi, mais je pense que Bordeaux aurait pu mieux l’utiliser. Cela fait partie des aléas du football. Même si ça a été compliqué quelques mois, j’ai discuté avec le coach et je lui ai prouvé à l’entraînement que je méritais de jouer. Et j’ai réussi à marquer contre Dijon lorsqu’il me titularise.

Est-ce que tu penses que l’équipe de France A peut être un objectif à court terme ?

Mon premier objectif jusqu’à la fin de la saison, c’est d’être titulaire avec Bordeaux. J’ai vécu une première partie de saison difficile, je veux bien finir l’année pour avoir un bilan mitigé mais qui penche plus vers le positif. Après, je vais avoir un gros choix à faire sur mon avenir à la fin de saison, ce sera un choix personnel que je vais bien réfléchir. L’équipe de France est toujours dans un coin de ma tête, mais je pense que ce n’est pas à court ou moyen terme, mais plus à long terme. Je me concentre pour finir correctement ma saison à Bordeaux, bien m’entrainer, prouver que je peux apporter à l’équipe et que je mérite de jouer, puis on verra bien la suite. L’équipe de France, ça ne peut venir qu’en jouant et en faisant des performances en club. Ça viendra quand ça viendra, si ça vient (rires).

Propos recueillis par François Lecorps

Crédits photo : Magali Ruffato

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