L’AS Nancy Lorraine est venue en nombre assister à la première journée de la Sud Ladies Cup où la Corée du Nord faisait son entrée en lice. Et pour cause, l’ASNL s’est récemment associée à une filière nord-coréenne pour recruter des joueuses internationales. Maxime Vautrin, le nouvel entraîneur des féminines de l’ASNL (elles évoluent en D2), Jacques Rousselot (président de l’ASNL), Damien Jamet et Samuel Mater (intermédiaires entre la Corée du Nord et les clubs sportifs français) étaient tous les quatre présents dans les travées du Stade d’Honneur de Salon-de-Provence. L’occasion d’aller à leur rencontre et d’en savoir un peu plus sur leur partenariat et leur présence à cette Sud Ladies Cup.
Damien Jamet (intermédiaire entre la Corée du Nord et l’ASNL), pouvez-vous nous présenter votre filière de recrutement nord-coréenne ?
J’ai établi des contacts avec la Corée du Nord depuis 2014 par l’intermédiaire de mon travail. Je suis enseignant en mathématiques à l’université de Nancy et je suis allé donner des cours à Pyongyang (capitale de la Corée du Nord, ndlr). En établissant des contacts avec cette université, et étant passionné de sport, je me suis rapproché des fédérations sportives là-bas. Le délégué général de la Corée du Nord, à Paris, m’a demandé à titre amical et gracieux s’il était possible de mettre en contact des filières sportives françaises professionnelles avec celles coréennes. Le foot faisait partie de ces sports. Habitant Nancy, je suis entré en contact avec l’ASNL. Ils ont été intéressés pour recruter, éventuellement, deux ou trois joueuses Nord-Coréennes pour l’année prochaine.
Jacques Rousselot (président de l’ASNL), quelles sont les raisons de votre choix de travailler avec cette filière de recrutement nord-coréenne ?
L’équipe féminine de Nancy est en Division 2 depuis maintenant plusieurs saisons. Celle qui vient de se terminer a été difficile (Nancy a terminé à la neuvième place sur treize dans la poule B en deuxième division, ndlr), à l’image d’ailleurs de la saison des hommes (l'ASNL a assuré son maintien vendredi soir en battant Metz lors de la 37e journée, ndlr). On veut s’inspirer de ce qu’il se passe en Corée du Nord. Les féminines ont été championnes du monde U20 en 2016. Eu égard à un partenariat qu’on voulait faire entre la France et la Corée du Nord, par le biais de notre chercheur mathématicien, monsieur Jamet, nous avons pris contact et on s’est dit pourquoi ne pas favoriser cette liaison entre Nancy et des clubs en Corée du Nord qui pourraient nous proposer des joueuses. Nancy a toujours été un club ouvert. Nous avions fait venir le premier joueur chinois il y a une vingtaine d’années (Li Jin Yu, prêté par Liaoning, lors de la saison 1998-1999, ndlr). Et bien là, nous allons faire venir les premières joueuses nord-coréennes. Je trouve que c’est bien pour les échanges. Ça permet aussi de faire une ouverture contre l’intolérance et tout un tas de phénomènes que la nature humaine réprouve. Ça va dans le sens de l’ouverture et du bien vivre ensemble.
Est-ce que cela représenterait beaucoup pour vous de faire venir des joueuses nord-coréennes ?
Ce serait un beau coup pour le côté sociétal de ce que peut apporter le football. Et même pour Nancy. On va voir avec les dirigeants et les personnes qui représentent la Corée du Nord. Pour l’instant, nous sommes en observation. Nous recherchons les types de profil qui pourraient nous convenir. En tout cas, nous sommes très heureux d’être là.
Actuellement, vous n’avez aucune idée des joueuses qui pourraient vous intéresser ?
Aucune. On est venu ici car on nous a dit du bien de l’équipe de la Corée du Nord eu égard à ses performances d’il y a trois ans. On suppose et on pense que l’on va trouver des bonnes joueuses qui vont nous permettre de renforcer notre effectif.
Propos recueillis par Jordan Bozonnet
Crédits photo : Hélène Dos Santos