En marge de la soirée d’ouverture de la seconde édition de la Sud Ladies Cup, Martine Puentes, ancienne joueuse de l’équipe de France féminine (15 sélections, 5 buts), est revenue sur sa carrière où elle devait jongler entre football et travail. Elle en a aussi profité pour aborder les sujets du football féminin, de la Coupe du Monde féminine et de la Sud Ladies Cup.
Martine, racontez-nous votre parcours dans le monde du football.
J’ai commencé à l’âge de sept ans avec les garçons. Mon père aimait le football. Il y jouait et emmenait mon frère, qui est de deux ans mon ainé, dans un club en région parisienne. Je les suivais. J’étais au bord du terrain et je commençais un peu à taper dans le ballon. Apparemment, j’étais douée. C'est alors que j'ai commencé à jouer avec l'équipe des garçons. Ce n’était pas évident car j’avais le droit de jouer seulement les matchs amicaux. Encore fallait-il que l’entraîneur de l’équipe adverse soit d’accord. Je ne jouais donc pas souvent. Je n’ai pris part à aucun match officiel jusqu’à la saison 1973-1974 où mon père a entendu parler d’une équipe féminine à Saint-Maur-des-Fossés en région parisienne (créée en 1968, ndlr). J’avais 12 ans et demi et j’y suis allée. J’ai été deux fois surclassée car toutes les autres filles étaient déjà adultes. Avec mon équipe, nous avons gravi les échelons. Nous avons joué dans le championnat de France et remporté six titres (1983, 1985, 1986, 1987, 1988, 1990, ndlr).
Et votre parcours en Equipe de France ?
J’ai eu quinze sélections et marqué cinq buts. A l’époque, nous n’avions pas la possibilité de faire beaucoup de matchs comme aujourd’hui. Cela a été les plus belles années de ma vie. On était totalement amateures. C’était le plaisir avant tout. Après, quand je vois l’évolution actuelle où les joueuses peuvent vivre de leur passion, c’est magnifique. De mon côté, j’ai toujours travaillé. Je faisais mes huit heures de comptabilité et j’allais m’entraîner le soir. Le week-end, il y avait les matchs, donc cela impliquait des déplacements lointains en bus. On rentrait tard le dimanche soir. Le lundi matin, je retournais au travail. Pour aller en équipe de France, je devais prendre des jours de congés. J’étais encore contente que mon employeur soit sympathique et me laisse prendre des vacances comme ça m’arrangeait.
Est-ce que vous regrettez que le football féminin de l’époque ne soit pas reconnu comme il l’est aujourd’hui ?
Je suis contente que ça ait évolué et que les femmes d’aujourd’hui puissent bénéficier de facilités. Si j’avais pu naître un peu plus tard et vivre de ma passion ça m’aurait bien plu (rires).
Quels sont selon-vous les grands axes à développer pour continuer de faire grandir le football féminin en France ?
Je pense qu’actuellement il est très bien structuré. La médiatisation aide vraiment. Et pour encore davantage de médiatisation, il faut des résultats. Il faudrait alors remporter la Coupe du monde féminine (qui se déroulera du 7 juin au 7 juillet en France, ndlr). Ça donnerait un grand coup de pouce.
Vous êtes la première supportrice de l’équipe de France depuis l’Euro 2001 en Allemagne. Qu’est-ce que vous avez prévu pour la Coupe du monde ?
Oui, depuis cette date je suis l’équipe de France féminine de partout. Je me rends sur toutes les compétitions qu’elles disputent. Championnats d’Europe, Coupes du monde… Je vais donc faire le tour de la France et voir tous les matchs des Bleues cet été.
Est-ce que vous suivez aussi la Sud Ladies Cup (8 au 18 mai) et qu’est-ce que vous en pensez ?
Oui. Déjà l’année dernière je suis venue voir tous les matchs. C’est une très belle vitrine pour le football féminin. C’est une façon de le faire connaître. Les gens n’ont pas l’habitude d’en voir et en général, ils sont agréablement surpris. Beaucoup d’entre eux ont été bluffés lors de la première édition et se disaient : « Tiens, ça joue bien… »
Propos recueillis par Jordan Bozonnet
Crédits photo : Hélène Dos Santos