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11 juin 2024

La formation : un enjeu capital pour l’Arabie saoudite

Alors que ses jeunes Faucons disputent leur dernier match de groupes au Tournoi Maurice Revello, l’Arabie Saoudite se retrouve à la croisée des chemins à l’heure de former ses talents de demain.

Depuis un an et demi, le football saoudien est au centre de l’attention. Cristiano Ronaldo, puis d’autres stars du football mondial telles que Sadio Mané, Karim Benzema ou encore Riyad Mahrez ont rejoint la Saudi Pro League. Cet afflux de joueurs talentueux a pour objectif de faire du championnat l’un des meilleurs du monde, une place forte du football international. Mais puisqu’il est presque impossible de développer un championnat sans améliorer la formation de ses jeunes talents, l’Arabie saoudite essaie aussi de devenir une puissance mondiale dans ce domaine.

Un football saoudien historiquement lié à sa formation

La formation a toujours été un élément important du football saoudien. La première génération dorée a émergé au début des années quatre-vingts, portée par deux jeunes attaquants formés à Al-Nassr : les légendaires Majed Abdullah, meilleur buteur de l’histoire des Faucons Verts, et Mohaisen Al-Jamam, considéré comme l’un des plus grands prodiges balle au pied ayant joué pour l’Arabie saoudite. Pendant plus de vingt ans, ce football a dominé l’Asie, formant et enchaînant les grands joueurs : Saeed Al-Owairan (Al-Shabab), Mohammed Al-Deayea (Al-Tai), le regretté Mohammed Al-Khilaiwi (Al-Ittihad) et bien sûr Sami Al-Jaber (Al-Hilal). Ces joueurs portaient également le championnat, en faisant l’un des plus relevés d’Asie. Ces temps dorés ont commencé à s’essouffler dans les années 2000, les deux victoires consécutives d’Al-Ittihad en Asian Champions League étant les derniers moments de gloire du football saoudien avant une décennie de morosité durant laquelle le championnat est devenu vieillissant, peuplé de joueurs étrangers venus toucher un dernier gros chèque avant leur retraite. Et même si le football a continué de se populariser, le pays a chuté au sein même de la confédération asiatique.

Majed Abdullah remportant la Coupe d'Asie avec Al Nassr

Cette crise a mis en évidence plusieurs problèmes, dont certains persistent encore aujourd’hui : le championnat n’est pas attractif sans d’énormes salaires ; le cadre de vie saoudien est peu attirant, beaucoup moins que celui du championnat japonais en tout cas ; les clubs dépensent sans réel projet sportif ; très peu de coachs locaux sont formés et les intervenants étrangers sont priorisés. Les académies deviennent archaïques, tout comme les infrastructures. Et surtout, le nombre de licenciés est trop faible pour assurer un héritage. Car si les Saoudiens sont de grands consommateurs de football, ils le pratiquent très peu. En 2023, le pays comptait 90 000 licenciés sur une population de trente-quatre millions d’habitants. À titre de comparaison, la France, pays de soixante-huit millions d’habitants, en compte presque deux millions et demi. Les raisons sont multiples, mais le football vu comme un simple spectacle et le manque de perspectives pour les jeunes y contribuent. Alors, depuis un peu plus d’une décennie, la fédération et les clubs essaient de corriger ce manque et développent des centres de formation. 

 L’évolution des académies

Certains clubs saoudiens ont toujours excellé dans la formation des joueurs. Al-Hilal a souvent pu compter sur ses jeunes pépites, de même pour Al-Ittihad et Al-Ahli. Même des clubs plus modestes comme Ettifaq ou Al-Taawoun arrivent à être performants dans ce domaine. Mais ce n’est donc pas suffisant. Depuis quelques années, la fédération et le ministère des sports accompagnent les clubs pour le développement de leur centre de formation. Cela passe par une modernisation des infrastructures et un élargissement du scoutisme. Pour cela, de nombreux dénicheurs de talents sont formés, afin d’augmenter le nombre de jeunes dans ces académies. Un nombre qui commence à croître selon les observateurs. Le ministère des sports s’inspire beaucoup du modèle d’Al-Hilal, qui possède des écoles de foot dans plusieurs villes saoudienne et qui est le seul club suffisamment armé à l’heure actuelle pour permettre une progression efficace de la U12 au premier contrat professionnel. Des clubs comme Al-Nassr, très ambitieux, se lancent désormais dans une course pour le rattraper. L’autre alternative trouvée par le ministère des sports a été la création d’académies dépendantes de la fédération et de l’État. La plus célèbre est la Mahd Sports Academy. Elle est la plus ambitieuse. Une fois terminée et totalement fonctionnelle, elle accueillera des milliers de jeunes de six à douze ans. Ces derniers seront détectés dès l’école primaire, pendant les cours de sport par des professeurs d’EPS formés par le ministère. Récemment, Mike Puig, ancien directeur de la Masia, a été nommé vice-président de cette structure et de nombreux partenariats ont été passés en Espagne. Même si le fonctionnement n’est pas le même, cet immense projet n’est pas sans rappeler l’Aspire Academy du Qatar, qui a formé la génération dorée championne d’Asie 2019. C’est justement ce que veut l’Arabie saoudite. Seul souci, le chemin parait long, il passera aussi par des résultats.

 

Manque de résultats

En 2022, la jeunesse saoudienne est revenue au premier plan en faisant tomber l’Ouzbékistan en finale de Coupe d’Asie U23. Plusieurs jeunes qui ont participé à cette belle épopée ont ensuite été appelés par Hervé Renard pour la Coupe du Monde au Qatar. Même si les Saoudiens n’ont pas réussi à passer les phases de groupes, la victoire face à l’Argentine, future championne du monde a permis à certains jeunes de se faire un nom, en particulier Saud Abdulhamid, Firas Al-Buraikan (passeur sur le but de l’égalisation face à l’Albiceleste) et Hassan Tambakti. Malheureusement, ce coup d’éclat n’a pas duré et l’Arabie saoudite vit depuis un an et demi une période plus compliquée.

En 2023, les jeunes Faucons Verts ont été éliminés en phase de groupes de la Coupe d’Asie U20, perdant contre le Japon et même contre la Chine, pourtant bien plus faible sur le papier. Début 2024, les hommes de Roberto Mancini ont été éliminés dès les huitièmes de finale de Coupe d’Asie seniors par la Corée du Sud après une campagne assez terne. Le choix du sélectionneur italien de convoquer un groupe assez jeune et de se passer de plusieurs cadres n’a pas été payant. Enfin, quelques semaines plus tard, les Saoudiens de Saad Al-Shehri ont vécu une autre déconvenue, avec une élimination dès les quarts de finale de Coupe d’Asie U23. Une défaite assez prévisible face au rouleau compresseur ouzbek mais qui a surtout mis fin aux rêves de Jeux Olympiques. Il faut dire qu’aussi talentueux soient ces jeunes joueurs formés en terres saoudiennes, ils se heurtent ensuite à un problème majeur : le faible temps de jeu en club.

Ces dernières années, les quotas de joueurs étrangers en Saudi Pro League sont passés de six à huit, puis de huit à dix, avec deux joueurs de moins de vingt-trois ans. Conséquence, cela laisse de moins en moins de place aux joueurs locaux, encore moins aux plus jeunes. Même d’immenses talents comme Musab Al-Juwayr, Abdullah Radif ou Saad Al-Mousa, jouent peu. Parmi les joueurs présents au Tournoi Maurice Revello cette année, rares sont ceux qui ont un temps de jeu régulier et important. Décisif face au Mexique, le jeune ailier Muhannad Al-Saad n’a disputé que trente minutes toutes compétitions confondues avec son club Al-Ettifaq pour la saison 2023/24. Le milieu d’Al-Hilal Abdullah Al-Zaid, buteur contre la Corée du Sud, n’a lui tout simplement pas joué, pas même en Coupe. La principale exception est Abdulmalik Al-Oyayari. Le jeune latéral de vingt ans a su se rendre incontournable à Al-Taawoun. Il a d’ailleurs terminé quatrième du championnat, devant l’Al-Ittihad de Benzema. Très complet techniquement, avec une belle qualité de passe et d’organisation du jeu, il a été élu homme du match pour la rencontre entre l’Arabie saoudite et la Corée du Sud. Un autre joueur participant à cinquantième édition du tournoi a réussi à glaner régulièrement du temps de jeu, après un choix de carrière assez insolite. Formé dans le modeste club d’Ohod, Abdulmalik Al-Jaber a rejoint dès sa majorité la Croatie et les équipes de jeunes du Dinamo Zagreb, puis le club bosnien de Željezničar. Sans être un incontournable, il est petit à petit monté en puissance et compte quatorze apparitions en championnat cette saison, restant sur cinq titularisations de rang avant le tournoi. Le milieu technique, buteur et homme du match face au Mexique a fait un choix risqué mais payant, que les jeunes Saoudiens pourraient envisager de plus en plus à l’avenir. À la condition que la fédération accepte.

D’autant que le football saoudien est aujourd’hui à un tournant décisif. Beaucoup de pays en Asie, en particulier l’Irak et l’Ouzbékistan, émergent par la qualité d’une jeunesse qu’ils forment depuis des années et qui se fait les dents en clubs. Pour rester un grand du continent, l’Arabie saoudite va devoir rivaliser sur ce plan. Les investissements intelligents et conséquents peuvent laisser optimiste, mais il faudra trouver des solutions pour permettre aux joueurs locaux d’avenir d’obtenir le temps de jeu nécessaire à leur progression une fois leur formation terminée. Seule condition pour l’Arabie saoudite d’en récolter les fruits.

 

Killian Besson, avec la participation d’Abdul Majeed

Crédits photos: Guillaume Boitiaux

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