DTN du Maroc, Nasser Larguet est au cœur de la formation des jeunes joueurs. Il donne également son ressenti sur l’équipe qui dispute le tournoi.
Pouvez-vous expliquer ce qu'est la DTN, dont vous êtes le directeur ?
Il s’agit de la Direction Technique Nationale qui est une composante de la fédération. Son rôle est de mettre en place sur le terrain la politique générale de la fédération. Elle a pour objectif de développer les pratiques, c’est à dire faire en sorte que les jeunes jouent le plus souvent possible, dans différents types de football : foot en salle, beach soccer … Il y a également un volet détection, qu’on a appelé le « haut niveau ». Cela englobe les centres fédéraux, le suivi dans les centres de formation et les équipes nationales.
Comment sont formés les jeunes au Maroc ?
Cela se passe essentiellement dans les centres de formation. On en compte une vingtaine dans tout le pays. Il n’y avait pas vraiment de contenu ni de méthode de travail. Souvent, l’entraînement se résumait à faire jouer les équipes. Il n’y avait pas de formation physique et tactique. Grâce à sa majesté le Roi, on a pu créer en 2009 l’académie Mohamed VI de football qui a boosté la formation au Maroc. On a mis en place un centre de formation modèle. Cela commence à porter ses fruits et les clubs s’investissent de plus en plus dans la formation des jeunes en faisant des détections plus poussées.
Comment trouvez-vous l’équipe du Maroc qui dispute le tournoi de Toulon cette année ?
Du côté des résultats, on est satisfait. C’est seulement la troisième participation à un tournoi international pour ses jeunes après les jeux de la Francophonie et les jeux méditerranéens. Les premiers résultats sont intéressants. Mais en tant que technicien, je pense qu’il y a encore une grosse marge de progression. Cette équipe doit apprendre à jouer ensemble et avoir un peu plus de maîtrise dans les zones de vérité.
On a vu une équipe du Maroc très joueuse, avec d’excellentes qualités techniques. C’est leur force, mais on a aussi l’impression que ça peut leur jouer des tours …
C’est exactement ça. Sur le plan de la technique individuelle, on n'a rien à envier à certaines nations. Collectivement en revanche, il y a du travail. On a encore du mal dans la construction des actions. Ce qu’on souhaite, c’est que les qualités techniques individuelles soient mises au service du collectif pour être une équipe plus cohérente.
"Terminer deuxième ou troisième serait bien pour les jeunes"
Quels sont les joueurs à suivre dans cette équipe ?
Il y a le gardien de but, Ahmed Reda Tagnaouti, qui est né en 1996. Malheureusement, il est passé à travers lors de son premier match mais c’est un joueur d’avenir, formé à l’académie Mohamed VI. Le défenseur Badr Benoun, titulaire en première division, est également à suivre, tout comme un ou deux attaquants. Il y a quatre, voire cinq joueurs à suivre sur le plan européen, le reste seront de bons joueurs sur le plan local.
L’équipe est toujours en course pour terminer en tête de son groupe. Vous y croyez ?
Terminer deuxième ou troisième serait déjà quelque chose de bien pour les jeunes. Tout va dépendre du match face au Mexique. Il faut absolument gagner, mais je m’attends à une rencontre très difficile. Ce ne sera pas une grosse déception si on termine à la troisième place, même si notre motivation est d’accrocher l’une des deux premières places de la poule.
Par rapport aux autres équipes, le sélectionneur du Maroc n’a pratiquement pas changé son onze de départ pour les trois matches …
L’accumulation des matches a été très bonne pour étalonner l’état physique des joueurs. Il faut savoir que le joueur qui a disputé le plus de matches cette saison n’en a fait qu’une vingtaine. Cela est très insuffisant pour le plan international. On doit tourner autour de 30 à 40 matches en une saison. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Quand on enchaîne les matches, la fatigue se fait ressentir plus rapidement. Si le coach n’a pas fait tourner, je pense que c’est pour trouver des automatismes entre les joueurs. On a également besoin de voir évoluer les autres garçons. On a trois jours de repos avant le match face au Mexique. J’espère qu’ils seront bénéfiques.
Propos recueillis par Romain Colange
Crédits photos : Magali Rufatto