Sélectionneur de l'équipe de France féminine U20 depuis 2014, Gilles Eyquem n'était pas forcément destiné à devenir entraîneur. Cet éducateur dans l'âme, ancien conseiller technique et travailleur social, embrasse pourtant avec brio une carrière de coach depuis six ans.
Vingt-et-un ans. De la fin de sa carrière de joueur en 1991, à sa nomination à la tête de l'équipe de France féminine U19 en 2012, Gilles Eyquem aura patienté plus de vingt années avant de devenir entraîneur au haut niveau. Passé sur le banc d'Agen et de Cherbourg en tant qu'entraîneur-joueur entre 1989 et 1991, l'homme de cinquante-huit ans n'avait coaché que dans le milieu amateur jusqu'à son arrivée à la tête des Bleuettes. Pour la première fois, il s'est retrouvé en première ligne, lui qui avait aussi été l'adjoint de Philippe Bergeroo en équipes de France U16 et U19.
Mais rien ne prédestinait Gilles Eyquem a une carrière de coach. Lorsqu'il est entraîneur-joueur à Agen, il s'implique dans la vie sociale de la ville en intervenant en tant qu'éducateur auprès des jeunes dans les quartiers sensibles. "Petit à petit, je suis devenu travailleur social, m'impliquant de plus en plus dans le quotidien des quartiers difficiles en aidant les familles en difficulté, racontait-il dans une interview donnée au site de la FIFA. C'était du pur social, complètement en dehors du football mais c'était très enrichissant sur le plan humain et ça m'a beaucoup servi ensuite dans ma carrière d'entraîneur".
Bergeroo et Jacquet en modèles
Une forme de déclic qui le pousse à retrouver les terrains. Nommé au poste de conseiller technique régional d'Aquitaine et conseiller technique départemental de Bordeaux en 1999, il est sollicité par Bergeroo pour intégrer son staff. "J'ai eu la chance d'être son adjoint, avec qui on a gagné l'Euro 2004 avec la fameuse "génération 1987", celle des Karim Benzema, Samir Nasri, Hatem Ben Arfa… Philippe est aussi quelqu'un de très humain qui m'a appris beaucoup de choses sur le plan tactique et sur l'approche psychologique avec les joueurs".
Également inspiré par Aimé Jacquet, qu'il a cotoyé lorsqu'il évoluait aux Girondins de Bordeaux, Eyquem se décrit comme un entraîneur "paternaliste". "Je donne les orientations et je donne aussi de la voix quand il le faut. J'aime beaucoup mes joueuses et ce que je trouve le plus difficile dans mon travail, c'est de faire des choix. C'est toujours un crève-cœur pour moi d'annoncer à une joueuse qu'elle n'est pas retenue ou qu'elle ne va pas jouer". Vainqueur de l'Euro U19 féminin en 2013 et 2016 et malheureux finaliste de la coupe du Monde U20 2016, le natif de Caudéran souhaite effacer ce mauvais souvenir lors du mondial en août prochain à domicile. La Sud Ladies Cup en sera la parfaite préparation.
Mathieu Lauricella
Crédits photo : Getty Images
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