Corinne Diacre était présente ce jeudi au Stade d’Honneur de Salon-de-Provence pour voir les Bleuettes s’imposer contre l’Allemagne (2-0). L’occasion pour nous de nous entretenir avec l’actuelle sélectionneure de l’équipe de France féminine. Plusieurs sujets ont été abordés : Sud Ladies Cup, Coupe du monde U20, Coupe du monde 2019 en passant par son expérience à la tête du Clermont Foot sans oublier un mot sur la Coupe du monde des Bleus à venir en Russie. Interview.
Corinne, que représente pour vous cette toute première édition de la Sud Ladies Cup ?
De la nouveauté. Ça n’existait pas avant. C’est une belle initiative, surtout à quelques semaines de la Coupe du monde U20 en France (elle se déroulera en Bretagne du 5 au 24 août, NDLR). Au vu des noms des nations présentes lors de cette Sud Ladies Cup, c’est une belle répétition générale pour Gilles Eyquem, le coach français.
A deux mois de la Coupe du monde U20 en Bretagne, est-ce une occasion parfaite pour l’équipe de France de se mettre dans les conditions d’une compétition internationale ?
C’est toujours bon, avant une grande compétition, de jouer des matchs internationaux. Je le dis souvent, il n’y a pas de matchs amicaux. Ce sont des matchs de préparation. Ils comptent. C’est intéressant pour se roder dans les domaines défensifs et offensifs. Mais ce qui est encore plus intéressant, c’est de voir l’équipe de France se confronter à l’Allemagne et aux Etats-Unis, sans faire offense à Haïti. Jouer contre ces nations-là, à quelques semaines de la Coupe du monde, permet de se jauger. Le coach pourra tirer des enseignements sur les choses à parfaire.
"Les performances des joueuses dicteront mes choix en vue de la Coupe du monde 2019"
D’un point de vue personnel, est-ce l’occasion pour vous, en tant que sélectionneure des A, de repérer des filles susceptibles de faire partie de votre groupe pour la Coupe du monde 2019 en France (du 7 juin au 7 juillet 2019) ?
Les performances des joueuses dicteront mes choix. Aujourd’hui, je suis surtout venue représenter la Fédération. Je suis aussi présente pour voir où en sont ces jeunes à quelques semaines de la Coupe du monde U20. Ça me permet de juger leur niveau à tous les points de vue. Que ce soit athlétique ou tactique. J’en suis déjà quelques-unes en championnat mais c’est toujours intéressant d’évaluer ce qu’elles peuvent donner dans leur catégorie.
Est-ce que des filles telles qu'Emelyne Laurent, Marie-Antoinette Katoto ou bien Selma Bacha vous impressionnent avec les U20 ?
Je ne suis impressionnée par personne. Je suis seulement impressionnée par le collectif. Le talent individuel doit servir le collectif. Vous pouvez donc aussi me citer les huit autres joueuses présentes sur le terrain.
Cela va bientôt faire un an que vous avez été nommée sélectionneure de l’équipe de France féminine. Quel premier bilan pouvez-vous tirer ?
Un bilan positif. Maintenant, nous ne sommes pas encore arrivés au bout. Il y a encore du travail. Mais il y a déjà des bases solides. Il faut que l’on s’appuie sur celles-ci pour redémarrer la saison prochaine.
"Peu de monde me voyait réussir au Clermont Foot mais j’ai réussi à relever ce challenge"
Nous sommes exactement à un an de cette Coupe du monde féminine, la première en France, comment l’appréhendez-vous ?
C’est dans un an donc pour l’instant ça va (rires).
Où en êtes-vous actuellement dans votre préparation avec les féminines ?
Pour le moment, les joueuses sont en vacances. Elles avaient besoin de repos. Les internationales ont seulement une année de repos sur quatre. On se retrouvera fin août pour le prochain rassemblement mais je peux vous dire que la Coupe du monde est déjà dans toutes les têtes.
Vous avez coaché durant trois saisons (2014-2017) une équipe de Ligue 2 masculine, à savoir le Clermont Foot. Quelle expérience cela vous a apporté en tant qu’entraîneure ?
Justement, de l’expérience. C’est exactement ça. C’est un autre monde. C’est aussi un travail différent comparé à celui que je fais aujourd’hui en sélection. Entraîner le Clermont Foot était un défi intéressant au départ. Peu de monde me voyait réussir mais j’ai réussi à relever ce challenge. Et pour tous ceux qui m’ont mis des bâtons dans les roues, j’en suis plutôt fière.
"Je ne vois aucune différence entre coacher une équipe masculine et féminine"
C’était important pour vous de faire taire les mauvaises langues ?
Non. Le but au départ était surtout de bien travailler. Le président (Claude Michy, Clermont Foot, NDLR) m’a donné l’opportunité de me lancer dans le milieu professionnel. Mon objectif était de laisser ce club en Ligue 2 à la place où je l’avais pris. J’ai réussi à le faire. Et plutôt de fort belle manière.
Quelles différences faites-vous entre coacher une équipe féminine et masculine ?
Je n’en vois aucune. Ce sont les mêmes générations avec les mêmes problèmes ou avantages (sourire).
Un petit mot sur votre homologue masculin Didier Deschamps et l’équipe de France ? Que leur souhaitez-vous pour la Coupe du monde en Russie ?
Je leur souhaite le meilleur : aller en finale et soulever la Coupe du monde. Vingt ans après la première… Ce serait grandiose. On fait beaucoup référence, aujourd’hui, à ce qui s’est passé en 1998. C’est super. Mais ce qui serait vraiment bien, c’est que ce groupe de 2018 puisse écrire sa propre histoire.
Propos recueillis par Jordan Bozonnet