Pour cette deuxième édition de la Sud Ladies Cup, le Gabon est la première nation africaine à prendre part à la compétition. Une véritable chance afin de promouvoir le football féminin gabonais mais aussi de créer une véritable unité autour du projet de la jeune équipe féminine. Nous sommes allés à leur rencontre lors de leur entraînement à Fos-sur-Mer pour mieux comprendre les enjeux de cette compétition pour le football féminin gabonais. Entretien avec Raïssa Laure Medza Me Ndong, journaliste sportive à Gabon Télévisions et attachée de presse de la Fédération Gabonaise de Football et la milieu de terrain Elvina Madanie Ntogone Mezui.
Raïssa, quel est votre objectif en venant à la Sud Ladies Cup ?
On savait que les résultats n’allaient pas être au rendez-vous, ce n’est pas notre priorité. Nous sommes là pour grandir et apprendre ! Le but est réellement de construire une équipe féminine et que nos filles se fassent repérer et recruter. On veut que notre projet grandisse, que certaines joueuses montrent la voie et donnent l’exemple aux autres filles du pays, à l’image de Pierre-Emerick Aubameyang chez les garçons.
Que signifie cette compétition pour vous ?
C’est véritablement le lancement de notre sélection grâce à la Sud Ladies Cup ! Avant, c’était toujours en dents de scie, un coup on progressait, un coup on reculait. Aujourd’hui, on espère que cela va définitivement propulser la sélection, qu’elle va pouvoir se pérenniser et revenir ici dans les années futures.
Elvina, peux-tu nous dire quelques mots sur le football féminin au Gabon ?
Le football féminin gabonais est en développement. Au sein de ma province, il y a un championnat composé de huit équipes qui s’affrontent en phase aller et phase retour. Cela permet de se confronter à d’autres joueuses de différents clubs, il y a de la qualité mais la compétition manque encore de régularité. Par exemple, actuellement les championnats sont en pause car les meilleures joueuses sont à la Sud Ladies Cup.
Vous êtes trois joueuses à évoluer en ce moment à l’US Bitam, connaissais-tu tes autres coéquipières de sélection avant la Sud Ladies Cup ?
En partie oui, il y avait seulement deux ou trois joueuses que je ne connaissais pas car elles évoluent dans des championnats provinciaux différents du mien. Sinon j’avais déjà eu l’occasion d’affronter d’autres de mes coéquipières actuelles, en championnat ou au tournoi national de sélection, mais c’est la première fois que l’on joue toutes ensemble.
Quelles différences vois-tu entre le niveau national et le niveau international ici ?
Le niveau national est plus ou moins intensif par rapport au niveau international. Bien qu’au niveau national je trouve que nos joueuses sont complètes, on voit qu’il y a encore beaucoup à apprendre. Justement, ce tournoi nous permet de voir ce qu’il nous reste à accomplir. Ici, on se confronte à d’autres équipes de niveau supérieur et on souhaite se donner à fond pour élever notre niveau de jeu.
Qu’est-ce que représente la Sud Ladies Cup pour toi ?
C’est une fierté et un honneur de représenter mon pays et ma famille. Cela me permet d’avoir une réelle valeur ajoutée par rapport aux autres joueuses qui ne disputent pas le tournoi. Je souhaite être un exemple et transmettre ce que j’ai appris ici : expliquer à celles qui n’ont pas été sélectionnées comment se passe le niveau international, les conditions du tournoi, les requis d’un tel niveau, pour que cela serve aux prochaines générations.
As-tu un modèle de footballeuse dont tu t’inspires ?
Féminin ? Non je n’ai pas trop de modèle en tête. Il y a vraiment un joueur que je supporte et que j’admire beaucoup c’est Cristiano Ronaldo. Il a travaillé beaucoup pour atteindre son niveau et obtenir tout ce qu’il a aujourd’hui. En tant que joueuse, j’ai conscience que c’est uniquement grâce au travail que je deviendrai plus forte. Je ne sais pas si j’arriverai un jour à devenir comme lui, mais en tout cas, il me motive à travailler toujours plus pour y parvenir.
Comment êtes-vous perçues au Gabon en tant que footballeuses ?
Nous avons eu plus de chance que les anciennes générations car on nous a donné l’opportunité de venir représenter notre pays et valoriser le football féminin gabonais. On doit donner le meilleur de nous-même pour espérer taper dans l’œil d’un recruteur et il faut s’investir au maximum pour que le groupe évolue. Si on réussit, cela incitera les joueuses gabonaises à travailler davantage pour revenir les années suivantes.
Trouves-tu que le tournoi est difficile ?
Ce n’est pas « difficile » car on est nouvelle dans la compétition, on manque d’expérience on apprend du niveau international. Ce tournoi nous permet de travailler collectivement et d’aller plus loin. De toute façon c’est grâce aux défaites qu’on devient plus forte, et que l’on se forge un moral d’acier.
Apprenez-vous des autres types de football auxquels vous êtes confrontées ?
Le ballon est rond pour tout le monde mais chacun à sa stratégie, chacun à ses dispositions sur le terrain. Bien sûr qu’affronter différentes équipes américaine, européenne, asiatique est positif pour nous. Surtout que nous avons joué face aux championnes du monde des moins de 20 ans (le Japon, NDLR) et les demi-finalistes (la France, NDLR).
Que peut-on te souhaiter pour l’avenir ?
Ce tournoi me donne l’opportunité de jouer devant des recruteurs et donc d’accomplir mon rêve qui est de devenir une joueuse professionnelle. Je suis souvent le football féminin français et je pense que le club de Bordeaux me correspondrait bien. Avec ma sélection, j’aimerais arriver à gagner au moins un titre pour montrer que la sélection m’a permis de grandir et que le football gabonais est compétitif.
Propos recueillis par Louis Zachayus et Julien Philipakis
Crédits photo : Louis Zachayus