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10 juillet 2019

Lisa Coste, Romy Fournier, Bianca Giuran : l’arbitrage, leur sport favori

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La Sud Ladies Cup 2019 a comporté son lot de nouveautés. Outre la diffusion en direct des rencontres et l’apparition de nouvelles nations participantes, la deuxième édition de notre tournoi féminin a également donné l’opportunité à de jeunes arbitres locales de côtoyer le niveau international en officiant en tant que quatrième arbitre. Elles se nomment Lisa Coste, Romy Fournier ou encore Bianca Giuran. Rencontre avec la nouvelle vague de l’arbitrage.

Le rendez-vous est pris à la terrasse de l’hôtel Oceania à Aix-en-Provence, où les arbitres de la Sud Ladies Cup 2019 ont pris leurs quartiers. Après avoir croisé et salué Michel Vautrot, Nelly Viennot, ou encore Claudine Brohet, des grands noms de la profession venus en tant que responsables de la commission des arbitres du tournoi, nous enclenchons notre magnétophone pour cet entretien avec les jeunes arbitres.

« Être à la Sud Ladies Cup, une énorme chance »

De la timidité, il n’y en a point : la volonté de s’exprimer et de raconter leurs expériences prend rapidement le pas. Avec un credo principal : avoir la possibilité d’officier durant la Sud Ladies Cup est une opportunité rare, une chance. « Cela nous habitue à côtoyer l’ambiance des équipes étrangères, de l’organisation FIFA et de celle entre les arbitres. On a des débriefes après chaque match. Ils sont diffusés en direct et on travaille dessus ensuite. Même si on est là en tant que volontaires ou en tant que stagiaires, c’est déjà une possibilité de mettre le pied à l’étrier », explique Romy Fournier. « C’est une énorme chance », renchérit Lisa Coste, issue de la Ligue de Football d’Occitanie. Bianca Giuran, acquiesce avec le sourire.

Bianca Giuran avant France - Haiti

Cette dernière est par ailleurs la seule qui possédait déjà une expérience en tant que quatrième arbitre avant la Sud Ladies Cup. « Mes premiers matchs se sont déroulés en Roumanie. J’étais avec trois garçons. C’était une finale de coupe régionale. J’étais quatrième arbitre mais nous n’avions pas les oreillettes. Avec les garçons, c’est différent. Ici, on a vu que l’on pouvait toutes être intégrées et bien travailler sur les matchs. On est vraiment quatre et non trois », assure celle qui est aussi kinésithérapeute.

Un esprit de groupe propice à l’apprentissage selon les intéressées : « Même si on est que quatrième arbitre, cela ne nous empêche pas d’apprendre et de prendre de l’expérience par rapport aux arbitres centrales qui occupent la place qu’on aimerait avoir », glisse Lisa.

Pour le moment, elles sont habituées à officier en Division 2 féminine et en Ligue pour les rencontres masculines. Avec une évolution positive des mentalités. « Les dix premières minutes sont souvent un test. Quand les joueurs remarquent que l’arbitrage est exactement le même que si c’était un homme, ils acceptent », explique Romy. A sa gauche, Lisa confirme en apportant une nuance. « Les regards ne sont pas du tout les mêmes. Il y a une moitié qui se dit : ‘oh, c’est une femme. Elle est jolie’ et une autre moitié : ‘c’est une femme, on va se faire défoncer.’ Une fois que tu as donné le coup d’envoi, tous les joueurs ont oublié qui tu étais. C’est dingue. Je ne ressens pas une différence de perception des joueurs une fois sur le terrain. »

Lisa Coste lors de Gabon-Haïti

Une ambition débordante anime ce jeune trio. Pourtant, si Bianca est issue d’une famille d’arbitres (« Mon père et mon grand-père ont été arbitres de foot »), ses compères ne sont pas férues de football, aussi étonnant que cela puisse paraître.

« Le football n’est pas mon sport favori, l’arbitrage oui ! »

« Je ne suis pas devenue arbitre car j’étais fan de foot. Mais parce que l’arbitrage m’intéressait », jure Romy. Avant de poursuivre : « Qui veut être la personne au milieu et prendre le risque de se faire insulter pendant 90 minutes ? En tant qu’arbitre, on sait qu’on a fait un bon match quand personne ne parle de nous. Ce n’est pas donc pas un choix pour devenir une vedette ou autre. J’ai voulu devenir arbitre pour mener vingt-deux joueurs et les officiels autour. Je n’avais pas d’intérêt particulier pour le football. Ce n’est pas mon sport favori. Mon sport favori, c’est l’arbitrage. »

Même son de cloche chez sa compère Lisa. « Je n’ai jamais joué au foot. C’est le néant chez moi. On ne regarde même pas le foot à la télé. Mais en revanche, nous sommes abonnés au Nîmes Olympique. Mon père y allait un week-end sur deux. Un jour, je lui ai demandé qu’il m’y emmène. Je n’avais encore jamais vu un match. J’ai bien aimé. […] Je ne suis pas amoureuse du foot. Je suis amoureuse de l’arbitrage », affirme-t-elle.

Si chacune a son propre parcours, toutes sont très attentives à la médiatisation grandissante du football féminin, de la Division 1 à la Coupe du Monde organisée cet été dans l’Hexagone en passant par la Ligue des Champions.

« C’est génial. C’est beaucoup de soutien. […] Ça nous oblige à augmenter en niveau. On n’a plus le droit à l’erreur. Ça nous encourage. On nous demande d’être les ambassadrices de ce métier dans nos ligues. Le but est de pérenniser l’arbitrage féminin. Il faut qu’il y ait des filles qui assurent la relève. Aujourd’hui, elles arrivent à foison. On a le rôle d’essayer de donner envie aux jeunes filles », lance Romy.

Romy Fournier durant Gabon-Japon

Qu’importe les difficultés rencontrées sur le chemin. « Qu’on soit arbitre en régional, fédéral ou international, aucune arbitre ne vit de ses matchs. On cumule toutes un emploi à côté. On est obligées d’avoir un emploi car il n’y a pas de sécurité. Si tu te blesses, tu n’as pas de revenus. Il faut donc travailler et s’entraîner parallèlement afin de répondre aux attentes de la fédération. C’est compliqué d’allier vie professionnelle, personnelle et arbitrage. Tu as trois vies ! » , glisse Romy, professeure vacataire.

De son côté, Lisa, travaillant actuellement au sein d’un collège, ne dit pas autre chose. «Même si on est qu’en Division 2, c’est dur à gérer. Je ne peux pas travailler le samedi. Soit t’es patron, soit tu travailles du lundi au vendredi. Sachant que tu te déplaces le samedi pour le dimanche. J’ai quitté mon ancien travail pour ça. Les vacances des filles passent dans l’arbitrage, j’en connais même qui en achètent à leur employeur ! »

Pourtant pas question de renoncer pour ces jeunes arbitres. « On a toutes un objectif : la FIFA ! », conclut Romy.

Amayes Brahmi () & Mathieu Lauricella ()

Crédits photo : Magali Ruffato & Hélène Dos Santos