Deux ans après, Mickaella Cardia garde un souvenir fort de sa participation à la Sud Ladies Cup avec la France. Auteure de deux buts, elle avait été l'une des révélations de la compétition grâce à ses accélérations explosives, sa combativité et un geste qui avait marqué les esprits. Aujourd'hui sous les couleurs des Girondins de Bordeaux, l'attaquante native de Marseille revient sur son passage à la Sud Ladies Cup, un moment marquant de sa carrière mais aussi de sa vie personnelle. Entretien.
Cet évènement est resté gravé en moi car c'était la première fois que je jouais près de chez moi avec l'Equipe de France. L'ambiance avait été incroyable, c'est aussi le dernier événement que j'ai pu voir avec ma maman heureuse dans la tribune, car quelques mois apres la Sud Ladies Cup, elle nous a quitté.
Qu'est-ce que t'a apporté cette compétition et ton passage en Equipe de France ?
Cette compétition m'a permis de me confronter à des équipes qu'on n'avait pas l'habitude de jouer. Je pense à Haïti et au Japon notamment. Et puis, cela fait toujours plaisir d'être appelée en equipe de France, on y découvre toujours de nouvelles choses.
Mickaella Cardia lors de la Sud Ladies Cup 2019
Vous aviez terminé 3es de la Sud Ladies Cup en 2019, cela vous a aussi permis de progresser en tant qu'équipe...
Tu avait réalisé un geste (feinte de coup du foulard) contre Haïti qui avait fait le tour du monde en vidéo, est-ce que tu peux nous le raconter ?
(rires) Sur le coup, je n'avais pas réalisé que c'était beau ! Deux jours après, mes copines m'appellent pour me dire que j'étais partout sur les réseaux sociaux... A ce moment-là, je n'avais pas de compte sur les réseaux donc je ne voyais rien de ce qui était dit. Ce geste, je le travaillais depuis trois mois déjà, je savais à quel moment il fallait le faire. Sur cette action, tous les voyants étaient au vert, il y avait la vitesse, le vent, le soleil, les supporters qui attendaient un peu de magie (rires) ! J'ai fait le geste mais je ne voulais pas que la défenseure glisse comme ça, je m'en veux un peu. J'ai recu beaucoup de messages du monde entier après ça.
Tu as quitté l'OM en juin 2020, comment as-tu vécu ce départ ?
Je n'oublierais jamais ce que le club a fait pour moi, que ce soit le coach Christophe Parra et mes coéquipières qui m'ont beaucoup soutenu et aidé à avancer, surtout durant la période où je venais de perdre ma maman. C'est arrivé un jour avant un match important pour la montée en D1 contre Saint-Étienne, je ne l'ai dit à personne pour ne pas perturber le groupe, j'ai joué et j'ai marqué le but de la victoire.
Tu évolues désormais aux Girondins de Bordeaux. Vous venez d'ailleurs de faire une belle saison en finissant 3es du championnat. Comment tu l'expliques et comment te sens-tu dans ce club ?
Les objectifs sportifs ont été atteint, j'ai eu la chance de rejoindre un club qui grandit, avec une direction qui essaye de donner de l'importance au football féminin. Le club m'a très bien accueilli, il y a un cadre très professionnel. Après, sur le terrain, c'est plus compliqué pour moi. Je ne joue pas toujours mais j'apprends, je ne lâche pas et je continue de travailler.
Est-ce que tu trouves que le foot féminin est parfois trop dénigré et qu'il manque d'exposition dans les médias notamment ? Et comment remédier à cela ?
Oui, bien sûr que le foot féminin est dénigré mais pas par les médias, plutôt par les spectateurs. Je les comprends un peu, car ils ont pris l'habitude de voir du jeu rapide, des dribbles, avec les matches des garçons. Il faut continuer dans la voie prise depuis quelques années. Les filles travaillent plus sur le terrain et même en-dehors, on retrouve quelques fois de la magie dans certains matches féminins, beaucoup plus d'entraîneurs compétents aussi.
Tu n'as que 21 ans, quels sont tes objectifs et tes rêves pour les prochaines années ?
Devenir une grande joueuse reconnue, et gagner une coupe d'Europe ou une Coupe du Monde avec mon pays.
Propos recueillis par Mathieu Lauricella